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Dans la tête d’Hugo Lloris

Dans la tête d’Hugo Lloris
A défaut de pouvoir rentrer dans ses cages, on est entré dans la tête d’Hugo loris (Icon Sport)

A quelques semaines du début de l’’Euro 2016, voici le premier épisode des articles fictions « Dans la tête de ». Le principe est simple, nous vous offrons une immersion dans les pensées d'un joueur de l’Equipe de France au matin du premier match des Bleus dans la compétition, à travers ses rêves, ses craintes, ses envies et ses ambitions. Aujourd'hui, voyage dans les songes du gardien français, Hugo Lloris.

« Quelque chose sonne, quelque chose cherche à me sortir de la douce rêverie dans laquelle je suis plongé. Le temps semble s’accélérer, le bruit désagréable à mon oreille semble se faire plus régulier. Il y a quelques instants, ce n’était encore qu'un vague désagrément lointain et sans signification, désormais je le sais, ces accords sont ceux qui brisent les rêves et enclenchent l’oubli.

Je le sais, dans quelques instants, mes yeux s’ouvriront, mon esprit dissipera l’épaisse brume chaude et humide qui entoure mon cerveau et avec elle, s’envoleront mes rêves et mes aventures nocturnes. Ce matin est spécial, je veux me souvenir, je ne veux pas perdre la trace de mon inconscient, de ses folies, de ses espoirs et de ses attentes de gloire. Quelque chose me dit que je dois garder en mémoire ce qui s’est passé cette nuit. Alors je ferme plus fort les paupières, je force sur mes yeux pour ne pas qu’ils s’ouvrent, j’apprend à mon esprit à faire fi des notes douloureuses de mon portable, je cherche en vain le fil de mon rêve inachevé. Pourtant, comme quand j’essayais enfant de garder l'eau de mer entre mes mains, mes rêves s’échappent et fuient à travers les murailles poreuses de ma conscience. Mes mains. Des flashs se bousculent dans ma tête. Ma main dans celle de mon grand-père m’emmenant admirer les Aiglons de mon enfance. Ma main et ce sentiment si étrange de la douceur et de la moiteur des gants. Ma main, ferme et droite face à la violence, décisive et précise dans l’urgence.

Des bribes de mon rêve me reviennent, le puzzle se reforme sous mes yeux sans que j’en comprenne, pour le moment, le sens précis. Le temps m'est compté. Bientôt, les sonorités du morceau Bitter Sweet Symphony achèveront de me réveiller et la journée commencera sans tenir compte des conseils de sa soeur, la nuit. Un dernier effort, je dois me concentrer une dernière fois. Je me tourne et me retourne dans mon lit, l’agitation de mes muscles se fait ressentir et l’adrénaline envahit mon corps encore engourdi par un trop long sommeil. Pourquoi une telle ferveur en moi. Soudain, je comprend. Mon passé à Nice, mon présent à Tottenham, mon futur en Bleu. Soudain, je vois le tableau dans sa globalité, j'en distingue les contours et les détails. Dans quelques heures, je serai sur le point d'écrire une nouvelle page de mon histoire. Cette nuit, j’ai revécu mes débuts sur la côte d’Azur, dans mon quartier niçois de Cimiez, les conseils de mon premier mentor, Dominique Baratelli. Cette nuit, j’ai rêvé d’un enfant jouant avec un lion, un aigle et une poule d’eau, cette nuit j’ai entendu le chant d'un coq qui appelait l’aube et le soleil. Cet appel, je l'ai entendu et c’est pour cela qu’il faut que je m'en souviennes. J’ai aujourd’hui 29 ans et mon destin m’appelle. Je suis capitaine de l’Equipe de France, je suis la muraille qui doit tenir face aux vents les plus violents. Je ne suis pas volubile mais je suis habile, je ne suis pas une star mais j’ai fait de mon poste un art. Mes yeux s’ouvrent enfin et les détails de mes rêves passés s’effacent laissant en moi ce sentiment diffus qu’aujourd'hui est intiment lié à hier et que demain ne dépend que d’aujourd'hui. Je suis prêt. »

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