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On a vu Russie-Slovaquie avec les Russes

On a vu Russie-Slovaquie avec les Russes
© Euro-2016-france.net / Aurélien Renault

Battue par la Slovaquie à Lille (1-2) pour son deuxième match de l’Euro 2016, la Russie s’est compliquée la vie en vue des huitièmes de finale. Pourtant des milliers de supporters étaient présents à Pierre-Mauroy pour pousser la Sbornaya et nous nous sommes glissés parmi eux. Enquête.

Dans l’opinion générale, être russe est l’un des maux de cet Euro. Marseille a connu un épisode de violences détestables déclenchées en majeure partie par une charge méthodique de hooligans venus de Russie. La contre-attaque a eu lieu et elle a été médiatique, d’abord. Evidemment, ce genre d’événement, on n’en avait pas vu sur le Vieux Port depuis belle lurette et forcément, dans le JT de 20h, ça choque les ménagères. Et d’un seul coup, le Russe devient le supporter à éviter, le fan à problèmes dont on va tout à coup souhaiter l’éviction de sa sélection du reste de la compétition afin de ne plus avoir à le croiser. La généralisation, l’autre mal dont il est question dans cet article, va soudain faire oublier que la plupart du temps, les violences liées au football ne sont déclenchées que par une infime minorité d’imbéciles qui n’ont absolu rien en commun avec le fan type croisé lors d’un tournoi tel que l’Euro.

Des Russes calmes

A Pierre-Mauroy, c’est dans la crainte et dans l’insoutenable attente d’éventuels incidents que les stadiers se préparent à faire entrer Russes et Slovaques dans la magnifique enceinte lilloise. Dans l'accès bleu, les stadiers nous informent des mesures à adopter. « Nous avons eu beaucoup de consignes et nous sommes plus vigilants que pour le premier match entre l'Allemagne et l'Ukraine ». Et dans l'ambiance générale, alors que supporters de la Repre et supporters de la Sbornaya sont mélangés les uns avec les autres, tout se passe tranquillement. Les stadiers n'ont alors pas vraiment de commentaire particulier à faire sur des supporters russes jugés « discrets et calmes » et des fans slovaques qu'ils nous décrivent comme étant « adorables ». On nous fait alors juste mention d'une anecdote : les Russes sont nettement plus sobres que les Allemands qui avaient répandu des dizaines de gobelets de bière dans les coursives d'accès dimanche. Tiens donc.

« Russia, Russia »

8000 fans de la Sbornaya se sont massés dans Pierre-Mauroy et font donc face à des Slovaques énergiques et majoritaires. Vous allez peut-être être surpris mais le supporter russe se maquille le visage, lui aussi, aux couleurs de sa nation. Il porte fièrement son maillot national sur les épaules, a accroché des drapeaux dans son parcage et s'est déplacé dans le Nord avec un groupe d'amis ou avec femme et enfants. Un fan classique en somme, oui. Le supporter russe se joint à ses compatriotes pour envoyer des « Russia, Russia » rugir sous le toit verrouillé de Pierre-Mauroy et a même chanté son hymne avec beaucoup de ferveur. Quelques fans du CSKA Moscou font le forcing pour suivre le match debout - une tradition - et font par conséquent l'objet d'une surveillance rapprochée. Un fumigène finit pas éclater, certes. Mais rien d'alarmant au final. Quand sa formation propose un football dérisoire, le fan venu de l'Est se crispe, croise les bras, boude et cherche du réconfort dans le regard des siens. Lorsque Marek Hamsik balance un caramel en pleine lucarne, le Russe pleure et finit par s'amuser de dépit des passes ratées de ses joueurs. Le fan russe en somme, c'est vous et moi.

Raccourcis à éviter

Ça n'aura pas fait les gros titres mais le centre-ville de Lille s'est fait secouer par quelques échauffourées mêlant supporters anglais présents à la veille d'Angleterre-Pays de Galles et quelques fans russes, conspués par les Britanniques à leur retour de Pierre-Mauroy. Rien de dramatique mais la preuve que quiconque portant un maillot de la Sbornaya courait hier le risque d'être assimilé aux casseurs de Marseille. Tristes raccourcis. Au coup de sifflet final validant la défaite contre les Slovaques, le supporter russe avait pourtant quitté le stade avec la même boule au ventre que quiconque un soir de défaite, il avait détaché ses drapeaux et s'en était allé tranquillement en consolant les siens, déjà bien préoccupés par l'étrange menace d'exclusion venue de l'UEFA. Le fan russe n'est pas plus un casseur que vous et moi, et si vous avez des billets pour le match des Russes face au Pays de Galles à Toulouse lundi, vous y croiserez des personnes qui ne demandent qu'une chose : faire partie de la fête. Tout simplement.

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