Pour la deuxième édition de l’Euro, on ne change pas de procédé. Toujours une phase éliminatoire préliminaire sur deux ans avec cette fois 29 équipes inscrites, contre 17 en 1960. L’Union Soviétique, tenante du titre, sera qualifiée d’office pour les huitièmes de finale. Les équipes s’affrontent en match aller et retour jusqu’en demi-finale et les 4 nations restantes seront qualifiées pour le tournoi final. Le pays organisateur sera donc désigné à l’issue de cette phase éliminatoire, après concertation entre les pays qualifiés. C’est en tout cas la version officielle de l’époque.
Lors de cette édition, de grandes nations de foot sont de retour, à l’image de l’Angleterre et de l’Italie qui n’avaient pas souhaité participer à l’Euro 1960 en raison de leur opinion hostile envers l’Europe. Ces deux nations ne franchiront pas le tour préliminaire. La France de Robert Herbin viendra à bout des Anglais (1-1 ; 5-2) lors de ce que l’on appellerait aujourd’hui les 16ème de finale. Quant à l’Italie, elle s’inclinera en 8èmes contre les redoutables Soviétiques (2-0 ; 1-1). L’attraction de cette phase éliminatoire fut le Luxembourg qui se hissa jusqu’en quarts de finale pour y défier le Danemark. Il faudra un match d’appui pour voir les Danois s’imposer (3-3 ; 2-2 ; 1-0) car les buts à l’extérieur ne comptaient pas double à l’époque. Il fallait rejouer le match en cas d’égalité.
A la fin de cette phase éliminatoire, on retrouve donc le Danemark, la Hongrie mais surtout l’Union soviétique et l’Espagne. Tout le monde a encore en tête les agissements de Franco lors de l’Euro 1960. Pour éviter une récidive, la solution est simple : donner à l’Espagne l’organisation de cet Euro en lui imposant une condition, celle d’accepter de jouer contre l’Union Soviétique. Voilà comment satisfaire ce cher Franco qui n’aurait certainement pas autorisé « son » équipe à jouer cette rencontre hors de ses frontières. Dans la foulée eut lieu le tirage au sort des demi-finales. Le hasard faisant bien les choses, l’Espagne hérita de la Hongrie et l’Union Soviétique du Danemark. Cette dernière phrase est bien sur ironique car aujourd’hui encore, un « fort climat de suspicion » pèse sur ce tirage au sort…
Quoiqu’il en soit, la finale que tout le monde attendait (l’UEFA y compris) a bien eu lieu. Malgré la polémique, ce sont bien les deux nations les plus fortes d’un point de vue footballistique qui se sont rencontrées. L’Espagne d’un certain Luis Suarez (Ballon d'or 1960) allait ce 21 juin 1964 obtenir son premier trophée majeur en battant l’Union Soviétique (2-1) devant près de 80000 spectateurs au stade Santiago Bernabeu. L’Espagne était souveraine chez elle et Franco pouvait alors jubiler.