Didier Deschamps n’est pas Raymond Domenech. Ça, on s’en était déjà rendu compte. Les deux hommes ne se ressemblent pas sur le plan de la communication. Mais sur l’établissement des listes pour les grandes compétitions internationales aussi, les deux sélectionneurs sont également fortement dissemblables. Chimbonda, Gomis, Mandanda, M’Vila... A son époque, l’ancien joueur de Lyon avait l’habitude de faire palpiter les cœurs au moment de divulguer ses choix tant ces derniers n’étaient jamais figés et à chaque reprise, il ne manquait pas de surprendre. Un ou plusieurs joueurs inattendus surgissaient toujours à la dernière minute, renversant parfois tout bon sens logique et foutant de surcroit en l’air les petits jeux de pronostics auxquels s’adonnaient les supporters tricolores.
Circulez, y a rien à voir !
DD, c’est autre chose et on aurait franchement dû le voir venir. Loin de faire dans l’improvisation, à mille lieux de faire du buzz, l’actuel sélectionneur croit fermement en ses choix et campe sur des décisions fermes prises bien avant la date butoire. Ainsi, la liste qui a été révélée ce soir est la jumelle de celle que Deschamps avait dévoilé le 17 mars dernier pour affronter les Pays-Bas (2-3) et la Russie (4-2). A une exception près : le remplacement poste pour poste de Mamadou Sakho (Liverpool FC) par Eliaquim Mangala (Manchester City). N’allez cependant pas croire que le sélectionneur avait des doutes concernant l’identité du défenseur central qu’il emmènerait aux côtés de Jérémy Mathieu, Laurent Koscielny et Raphaël Varane. Dans la tête de l'ancien Marseillais, c’est le joueur de la Mersey qui devait partir à l’Euro et personne d'autre. Malheureusement contrôlé positif à un contrôle anti-dopage et suspendu par l’UEFA, l’ancien Parisien laisse donc sa place au Citizen dans les 23. Un impondérable venu d'ailleurs, façon Benzema. Incontrôlable en somme.
Réserve exotique
Pour s’offrir un petit frisson ce soir, il fallait en fait attendre la liste des réservistes. Initialement annoncés comme étant sept, ils seront en fait huit à accompagner les futurs sélectionnés dans leur préparation. Et là, Didier Deschamps n’a pas manqué de compiler toutes les rumeurs possibles dans un seul et même groupe : Adrien Rabiot, Samuel Umtiti, Djibril Sidibé et même Kévin Gameiro, ils sont tous là. Et ils ont en commun d’avoir été portés par l’opinion publique et médiatique dans les dernières encablures. Comme pour ne pas décevoir ses suiveurs, la Déch’ a donc décidé de faire participer les hommes sollicités par le peuple au détriment de certains qui auraient pu avoir leur place d'un point de vue sportif (on peut penser à Loïc Perrin ou Layvin Kurzawa). Ils prendront toutefois part à l'aventure en s'entrainant avec leurs coéquipiers jusqu'aux portes de la phase finale. Le sélectionneur français a d’ailleurs très nettement insisté sur la probabilité qu’un ou plusieurs d’entre eux s’invitent au bal « en cas de défaillance physique possible parmi les membres des 23 ».
Sans Ben Arfa, Deschamps prend un risque
Comme il l’a fait remarquer sur le plateau de TF1, Didier Deschamps ne pouvait « pas prendre tout le monde » et cela va de soi. On lui pardonnera donc aisément d’avoir laissé Kévin Gameiro ou Alexandre Lacazette sur la touche. Sa justification concernant l’absence de Mathieu Valbuena suit également une logique parfaite, « le joueur a multiplié les blessures cette saison et n’est pas au top » et on le comprend très bien. Le seul et unique regret concerne en réalité l’absence d’Hatem Ben Arfa, grand artisan de la saison de Ligue 1 avec Nice et très fortement plébiscité par les fans tricolores ces dernières semaines. L’équipe de France doit être performante, certes. Le sélectionneur doit avoir le contrôle absolu sur son groupe et ses choix ne doivent dépendre que de son analyse des paramètres. Soit. Il n’empêche que dans un monde où la communication et l’image du groupe bleu priment, la présence de Ben Arfa n’aurait pas été de trop pour satisfaire des supporters qui ne manqueront pas de critiquer cette absence. Deschamps a justifié que dans le jeu de la concurrence, Martial, Coman, Giroud et consort avaient fait mieux « en marquant beaucoup ». Il n’a maintenant plus qu’à espérer que ses hommes confirment ses choix le mois prochain.