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The Special One vs The Normal One

The Special One vs The Normal One
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Le match opposant les Blues aux Reds ce samedi constitue bien plus que l'affiche phare de cette 11ème journée de Premier League. En confrontant José Mourinho à Jürgen Klopp, elle verra se mesurer deux des entraîneurs les plus charismatiques de la décennie, mais également deux hommes dont l'avenir pourrait être diamétralement divergent en cas de victoire d'une des deux équipes.

« I'm the Normal One » Tel se décrivait Jürgen Klopp le 9 octobre dernier lors de sa première conférence de presse en tant qu'entraîneur de Liverpool. Dans un anglais à l'accent schwarzeneggerien, l'ancien du BVB venait de se mettre dans la poche l'ensemble des journalistes présents dans la salle. Particulièrement habile avec la presse, il bénéficie d'une certaine sympathie auprès d'elle. Cette relation se veut cependant toute autre pour l'homme qu'il pastiche à travers sa punchline. Il est bien évidemment question de José Mourinho. En s'appropriant l'expression qui a permis au Special One de se bâtir sa réputation, Klopp lance sans le savoir (ou pas) un duel dont le climax aura lieu demain en début d'après-midi. Stamford Bridge sera alors le théâtre d'un des matches les plus attendus de la saison en Angleterre. Outre la ferveur habituelle entourant un Chelsea-Liverpool, cette rencontre fera surtout office de première pour les coachs respectifs des deux équipes, qui ne se sont jamais encore affrontés dans le cadre d'un championnat. Le Mou garde néanmoins de vilains souvenirs de sa dernière confrontation avec Kloppo. Lors de son ultime saison madrilène, José et le Real s'étaient fait sortir avec la manière par le Borussia en demi-finales de la Ligue des Champions. Balayés 4 à 1 lors du match aller dans l'antre du Signal Iduna Park, ils avaient alors subi la loi d'un collectif emmené par Reus, Lewandowski et autre Gündogan. La victoire 2-0 de la bande à Cricri au match retour n'y changera rien. Aux commandes des Schwarz-Gelben, Jürgen et ses lunettes carrées étaient devenus la hype en matière d'entraîneur. Là où Klopp se faisait un nom en Europe, Mourinho, lui, vivait ses dernières semaines dans la capitale espagnole et avait déjà la tête tournée vers d'autres horizons.

Plutôt bière ou porto ?

A l'époque, Dortmund proposait peut-être le style de jeu le plus attrayant du Vieux Continent, un style porté vers l'avant (118 buts toutes compétitions confondues lors de la saison 2012-2013), tout en puissance, couillu même, à l'image de son coach. Cette patte, les supporters de Liverpool l'attendaient avec impatience. Bien qu'elle ne se fasse pas encore concrètement ressentir (faute de temps) sur le jeu des Reds, elle semble cependant en mesure de secouer un effectif quelque peu endormi depuis la baisse de régime et le départ d'un certain Steven. L'emblématique Jamie Carragher ne dira pas le contraire, preuve en est d'après ses récentes paroles sur l'antenne de Sky Sports. « Il ressemble à ce genre de mecs avec qui on a envie d'aller boire une pinte. (...) Il a tout. C'est un meneur d'hommes et je pense que c'est la façon de faire à l'allemande. » Deutsche Qualität. Jamie n'irait en revanche sûrement pas se pinter avec José, bien moins sympathique que Jürgen à première vue. De plus, le style de jeu affiché par son équipe depuis quelques mois fait peine à voir. Certes le Portugais ne nous a jamais habitué à un football des plus léchés, mais le Chelsea actuel, il faut l'avouer, n'a vraiment rien de sexy. Là où Kloppo propose un jeu aussi pétillant qu'une bonne bière allemande, celui de José fait tâche, tel un verre de porto au milieu d'une soirée étudiante. Même ce diable d'Eden Hazard a perdu le sourire et semble aujourd'hui aussi triste qu'un air de fado. A l'opposé, Klopp aspire à se muer en rockstar et faire chanter d'une seule voix Anfield. « Rock you like a hurricane. »

Le Mou est dans l'dur

Cela semble bien parti depuis mercredi et le succès 1-0 des Reds face à Bournemouth en quatrième tour de League Cup. Une victoire à la maison qui constitue certes une première pour Klopp depuis sa prise de fonction, mais qui pourrait également être porteuse de plus grands espoirs à l'avenir. La veille, les Blues se faisaient quant à eux sortir de la compétition au terme d'une séance de penaltys remportée par Stoke. Une énième déconvenue pour Chelsea cette saison, qui pointe actuellement à une moribonde 15ème place en Premier League (5 défaites en 10 journées), le pire départ du club en championnat depuis 1978. Bien qu'au fait de la situation, José demeure pourtant impassible à en croire ses déclarations en conférence de presse après la contre-performance des siens face aux Potters. « Nous avons très bien joué malgré la défaite. (…) Je suis heureux, je peux prendre un jour de repos mercredi sans aucun problème. » Serein le bonhomme. Ce calme apparent pourrait toutefois s'expliquer par l'une des clauses figurant dans le contrat le liant au club. D'après L’Équipe du 7 octobre, s'il venait à se faire licencier par sa direction, le Mou empocherait la coquette somme de 37 millions de livres, soit 50 millions d'euros. Assez donc pour s'offrir un Anthony Martial (hors bonus), ou dix Karim Rekik, au choix. Malgré cet éventuel lot de consolation, José Mourinho est pour l'instant dans la tourmente. Ses joueurs, habituellement protecteurs et reconnaissants envers lui, ne montrent que très peu de signes de soutien. Même constat du côté d'Abramovitch, son président, qui d'après le Daily Mail songerait sérieusement à le remplacer. C'est là peut-être le plus gros enjeu de ce Chelsea-Liverpool. Si victoire des Reds il y avait, Jürgen Klopp assurerait son statut d'homme de la situation auprès des Scousers, et pourrait par la même occasion éjecter Mourinho d'un banc sur lequel il aura passé près de 300 matches à la tête des Blues. Donc si vous regardez attentivement le match et qu'une paire de bambins aux déguisements approximatifs vient sonner à votre porte pour vous réclamer des Schoko-Bons, ne bougez pas. Vous pourriez le regretter.

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