Vous vous êtes peut-être déjà demandé comment les journalistes sportifs faisaient pour couvrir autant d’événements sportifs chaque week-end. Ou peut-être pas, après tout on ne sait pas ce qu’il se passe dans votre tête (un individu de sexe masculin vient de souffler "dans celle des femmes, rien", il sera flagellé sur la place publique, soyez-en sûres). Revenons à nos journalistes sportifs. Le professeur McGonagall leur aurait-elle offert à chacun un retourneur de temps ? Non. Ils sont juste aidés par des petits elfes qu’on appelle dans le jargon des correspondants sportifs. Ces derniers sont chargés de suivre une ou plusieurs équipes de leur zone géographique, d’assister aux matches et de rédiger des comptes rendus.
Pendant trois ans et demi, le dimanche après-midi a été synonyme de « on s’habille chaudement » pour aller couvrir des matches en pleine campagne. Mais qu’il pleuve ou qu’il vente (et souvent les deux à la fois), le correspondant sportif doit être à son poste, aussi vaillant que Michel. Et au bout d’un moment, on s’aperçoit qu’il y a certaines choses que l’on entend et qui reviennent souvent, surtout quand le correspondant est une correspondante :
1. « Bonjour madame la journaliste »
Bonjour à vous aussi monsieur le spectateur. (Oui, il existe des supporters polis et y’en a même qui sont gentils)
2. Chuchoté aux copains plus ou moins discrètement : « C’est la journaliste ? »
Oui coco, c’est moi. Respire, oui je suis une fille, oui je suis jeune mais ne t’inquiète pas je suis incollable quand il s’agit de cricket. Quoi, c’est pas du cricket ?
3. Le délégué du match (= le mec qui fait le lien entre le club et les arbitres avant, pendant et après le match) au bout de 5 minutes de jeu : « Vous êtes sûre que vous ne voulez pas venir vous asseoir ? »
Être correspondant sportif, c’est une fois sur deux rester debout pendant 105 minutes (le football amateur connaît rarement les tribunes) en expliquant au délégué que oui, on sait qu’il peut nous faire de la place dans la petite cahute du bord de terrain mais que quand on n’est déjà pas bien grande, assister à un match en ayant les yeux au niveau du short des joueurs, c’est pas bien pratique. Et ça peut même s’avérer un poil trop distrayant.
4. Au coup d’envoi ou au retour des vestiaires, quand les supporters ont traîné un peu trop longtemps à la buvette : « Alors, on a loupé quoi ? »
Oh, pas grand-chose. Une traversée d’éléphants roses, une manifestation de taupes en colère et Geneviève de Fontenay qui est passée dire bonjour.
5. A tout moment : « Dites madame la journaliste, il reste combien de temps ? »
Un journaliste (ou futur journaliste) doit avoir réponse à tout. Un petit coup d’œil au troisième meilleur ami du correspondant sportif, le téléphone portable (les deux autres étant le stylo qui fonctionne et le carnet avec des pages de préférence vierges) et hop, on devient un chronomètre plus précis qu’une montre suisse (Alexander Frei, si tu nous lis, on aime la Suisse). « Alors, il reste exactement 5 minutes et 24 secondes sans les arrêts de jeu. Ah non, 5 minutes et 20 secondes maintenant ! »
6. A la fin du match, quand il faut récupérer les noms des joueurs, des arbitres et les cartons : « Mais bien sûr que vous pouvez venir jeter un coup d’œil à la feuille de match mademoiselle, suivez-nous ! »
Si vous n’étiez pas quarantenaires avancés et légèrement bedonnants, on vous suivrait jusqu’au bout du monde messieurs les arbitres !
7. Dans les vestiaires des arbitres : « Vous voulez regarder la feuille de match tout de suite ou vous venez prendre une douche avec nous avant ? »
C’est gentil mais je suis plutôt bain.
8. « Ils embauchent des filles maintenant ? »
Non, bien sûr que non, vous êtes fous. Moi c’est Jean-Pierre et j’adore me travestir.