Parce que Mourinho et la Premier League, ça ne colle pas
Non pas que le Portugais n’ait pas la légitimité pour entraîner en Angleterre, loin de là. Vainqueur du championnat l’an dernier avec brio, Chelsea doit cette exploit (l’effectif n’était pas très fourni en quantité, ce qui a beaucoup été souligné outre-Manche) ainsi que sa victoire en League Cup en grande partie à son manager. José Mourinho n’a cessé de le montrer au cours de sa carrière, il gagne partout. Cependant, la philosophie de jeu prônée par le double vainqueur de la C1 avec le FC Porto (2004) et l’Inter Milan (2010) ne colle pas avec celle du championnat anglais. Le Portugais mise en effet sur une défense intraitable et des contre-attaques éclaires tandis que la Premier League est réputée pour être un championnat ouvert et prolifique. Soyons clairs : regarder le Chelsea de Mourinho est un supplice pour tout amateur de beau jeu. Pour que la Premier League continue d’entretenir son image actuelle, il faut donc une « victime » : José Mourinho ou Chelsea. Et au vu du coût qu’engendrerait un licenciement du « Mou » (le chiffre de 50M euros est évoqué dans la presse), il ne semble guère y avoir le choix.
Parce qu’il faut bien qu’Hazard & Co puissent s’éclater ailleurs
Eden Hazard, Cesc Fabregas, Oscar, Willian… Chelsea regorge de joueurs à la technique léchée, des « joueurs de ballon » comme on les appelle. Cependant, ils jouent dans une équipe qui refuse le jeu, qui l’horripile même. D’ailleurs, le comble de l’histoire est qu’un ancien barcelonais, Fabregas, joue sous les ordres du « Mou » après avoir été élevé à la sauce Guardiola. Même si, au début de saison de l’année dernière, tous les observateurs de Premier League étaient sidérés par la qualité du jeu produit par les Blues, Mourinho a très vite calmé leur enthousiasme en proposant un jeu beaucoup plus tourné vers l’efficacité. Alors certes, cela a porté ses fruits puisque Chelsea a remporté le championnat de bien belle manière (87 points) et ses joueurs offensifs ont rayonné, notamment Hazard, élu meilleur joueur du championnat par ses pairs et les journalistes. Pourtant, on serait tenté de se dire que cela s’apparente à du gâchis que des joueurs pareils continuent à évoluer dans une formation qui hait tant le jeu. Chelsea en Championship, ce serait donc un bon moyen pour convaincre définitivement ces talents d’aller prodiguer leurs qualités ailleurs.
Parce que cela mettrait en lumière le Championship
Aujourd’hui, grâce à sa stratégie économique (droits TV, merchandising, tournées estivales, billetterie etc.), la Premier League bénéficie d’une visibilité fabuleuse à l’international en même temps qu’elle assure à ses clubs participants de très confortables revenus et des contrats lucratifs avec les plus grandes entreprises mondiales. C’est un fait, le championnat anglais se porte à merveille et ne connait pas la crise. Cependant, cette popularité nuit à la visibilité des divisions inférieures, à commencer par la deuxième, le Championship. Si Chelsea venait à descendre, cela aurait au moins le mérite de créer une émulation autour de la D2 anglaise. Imaginez le décor : le champion d’Europe (2012) et quintuple champion d’Angleterre, muni de son effectif de stars, en représentation au deuxième échelon national ! Quel engouement cela permettrait de créer.
Parce qu’en France, on adore détester les riches
Chelsea, c’est avant tout un club possédé par le très célèbre magnat russe Roman Abramovitch depuis 2003. C’est ce dernier qui lui a permis d’entrer dans la caste des clubs les plus puissants d’Europe, si bien qu’aujourd’hui le club londonien est totalement assimilé à un club de « riche ». Cependant, en France, nous adorons détester les fortunés et ceux qui réussissent, les dirigeants du PSG peuvent en témoigner. Alors imaginez bien que si Chelsea venait à descendre, cela ferait le bonheur des Français. Là encore c’est une spécificité française : voir le champion en titre éprouver les pires difficultés est toujours un bonheur pour les supporters mais aussi pour les médias. Voir Chelsea en Championship et mourir, quel beau titre déjà dans la tête de tous les journalistes qui s’empresseraient alors de le relayer si le pire venait à se produire.
Parce qu’il faudra bien que Papy Djilobodji joue un jour
Débarqué à Chelsea en provenance du FC Nantes dans l’anonymat général (et c’est peu dire) à la toute fin du mercato estival, Papy Djilobodji n’a toujours pas joué une seule minute en Premier League. Jamais appelé par Mourinho malgré les flagrantes défaillances défensives de son équipe, le Sénégalais éprouve les pires difficultés chez les Blues. À tel point qu’un départ cet hiver est déjà envisagé. Le Besiktas notamment s’est renseigné sur le joueur, tout comme le TFC. Cependant, si Chelsea venait à rater complètement sa saison au point de se retrouver en Championship l’an prochain, Mourinho ou un autre entraineur pourrait donner sa chance à ce Papy qui pourrait encore servir.