Les raisons d’y croire : un collectif fort, une ambition nourrie, la médiocrité des cadors
Il existe plusieurs raisons d’espérer qu’Angers, Nice et Caen puissent accrocher l’Europe en fin de saison. La première d’entre elles est la force collective que ces trois équipes dégagent. En effet, aucune de ces formations, hormis peut-être Nice avec Hatem Ben Arfa, ne possède dans ses rangs une star capable de leur faire gagner un match à elle seule, ce qui les pousse à s’appuyer avant tout sur un collectif fort et une organisation rigoureuse. Résultat : face aux (supposés) cadors comme l’OL, l’OM ou L’AS Monaco dont l’identité collective s’est souvent diluée cette saison, cette stratégie leur permet d’obtenir des résultats. À titre d’exemple, Angers, Nice et Caen ont tous les trois réussi « l’exploit » de s’imposer au Vélodrome face à l’OM, à chaque fois sur le score de 1-0. On peut également compter sur ces trois équipes en ce qui concerne leur ambition. Nul doute qu’elles ont pris goût aux sommets du championnat et, pour l’instant, elles ne semblent pas avoir le vertige. Alors que leur objectif prioritaire du début de saison, à savoir le maintien, est pratiquement assuré, on peut espérer qu’elles reverront leurs ambitions à la hausse et tenteront de décrocher une place inespérée au classement. La saison des cadors est un autre atout dont elles peuvent profiter. L’OL et l’OM sont à égalité de points (29) et figurent aux neuvième et huitième places. L’AS Saint-Étienne est cinquième mais peine à dégager une identité collective et un fond de jeu intéressant. Et on ne parle même pas de Bordeaux (10e) et Lille (14e). Finalement, seule l’AS Monaco tient son rang (2e) mais éprouve toujours autant de difficulté à convaincre les observateurs du championnat. Pour chacune de ces équipes, les problèmes sont les mêmes : irrégularité, absence d’un collectif fort, difficultés dans le jeu etc. Dans ces conditions, Angers, Caen et Nice ont réussi à briller en première partie de saison et se sont octroyés les honneurs. Qu’on se le dise, tant que les grosses cylindrées du championnat ne remonteront pas la pente, la porte de l’Europe restera accessible pour eux. Et il serait dommage, au vu de la saison que réalisent actuellement ces trois équipes pleines de fraîcheur, qu’elles n’en profitent pas. Si un sursaut des « gros » n’est pas à exclure (d’autant que l’écart reste mince malgré tout), ces trois formations présentent des arguments à faire valoir et peuvent tout à fait les regarder dans les yeux.
Les raisons de ne pas trop espérer : des effectifs jeunes, inexpérimentés et limités quantitativement, le relâchement post-maintien
Cependant, comme dans toute réponse, il existe également des arguments contraires. En première ligne, l’expérience. Celle-ci revient souvent pour tenter de justifier un possible déclin des équipes surprises. En effet, ces trois formations possèdent des effectifs jeunes (près de 24 ans de moyenne d’âge pour Nice, équipe la plus jeune d’Europe) ou peu expérimentés en Ligue 1 (c’est le cas pour Angers et Nice). Caen, avec près de 26 ans de moyenne d’âge et des joueurs d’expérience comme Vercoutre, Yahia, Seube ou Féret, semble présenter l’effectif le plus complet. Cependant, toutes ont un point commun : elles ne possèdent pas ou très peu de joueurs ayant eu l’habitude de jouer le haut du classement dans leur carrière. Cela peut donc faire craindre qu’elles ne soient pas capables de poursuivre leur rythme actuel jusqu’en fin de saison. Ces trois équipes s’étaient préparées à jouer le maintien cette saison, elles ont donc composé leurs effectifs en conséquence, en se dotant de joueurs rodés à ce genre de situation. Cependant, il est vrai qu’à plusieurs reprises, l’inexpérience du haut de tableau ne s’est pas avérée être rédhibitoire (pensons à Montpellier, champion en 2012). Cette année, sera-ce un avantage ou une limite pour Angers, Caen et Nice ? Réponse le 14 mai prochain, lors de la 38e journée. Se pose également la question de la quantité au sein de leurs effectifs. La course à l’Europe exige en effet de la fraîcheur physique afin de maintenir un niveau de performance élevé et d’obtenir des résultats. Or, Caen, Nice et Angers s’appuient sur un noyau de quinze à vingt joueurs, ce qui peut paraître limité pour jouer l’Europe. Autre danger qui les guette, l’état d’esprit. Alors que tous les trois possèdent au moins 30 points, ils se rapprochent de semaine en semaine du seuil de 42 points (normalement) nécessaire pour obtenir leur maintien, leur objectif prioritaire rappelons-le. Cependant, une fois cet impératif rempli, le risque sera qu’ils lâchent mentalement. Tout dépendra donc de leur appétit de compétiteur et de leur ambition. Finalement, leurs rivaux à la course à l’Europe ne sont peut-être ni l’OM, l’OL et l’ASSE, mais eux-mêmes.