On dit des quarts de finale de la C1 qu’ils sont une manche qui se joue en deux matchs : aller-retour. Les plus avisés vous répondront qu’ils se jouent en réalité en trois rounds et qu’avant les deux duels cités précédemment, il faut d’abord remporter une autre confrontation cruciale : celle avec la chance. Point de donnée footballistique ici, point de capacité sportive en jeu, simplement les aléas du hasard. Un hasard qui peut faire basculer votre saison vers un exercice accompli ou au contraire vous frustrer et vous donner cette impression dérangeante de stagner et d’avoir manqué quelque chose. Demandez donc à la Roma ou à Arsenal. Quoi qu’il en soit, demain midi, les huit clubs rescapés des huitièmes de finale de la Ligue des champions en sauront un peu plus sur les espoirs qu’ils peuvent conserver – ou non - de soulever le trophée aux grandes oreilles le 28 mai prochain à Milan. Ils seront donc huit à suivre avec une attention toute particulière le manège étourdissant des petites sphères dans leur bol qui associées les unes aux autres forgeront le destin final de la compétition.
Pour la quatrième année de suite, le Paris Saint-Germain sera de la partie. Et la juste récompense pour les récents quadruples champions de France serait d’obtenir enfin un tirage au sort favorable. Barcelone par deux fois et Chelsea il y a deux ans avaient en effet des allures d’Everest pour les joueurs de la capitale et s’ils n’étaient pas passés très loin lors des deux premières années, ils avaient été terrassés en plein vol par le Barça la saison dernière (1-3 ; 2-0). Parce que oui, comme l’a si bien fait remarquer Karl-Heinz Rummenigge cette semaine, les clubs sont « tous dépendants du sort ». « Ca ne me plait pas, a ainsi fait remarquer l’ancienne gloire du Bayern, aujourd’hui membre de sa direction. L’UEFA devrait penser à des têtes de série, ou à quelque chose du genre. J’en ai assez du sort. » Cette saillie occuperait en tout cas une bonne place calée entre les dents d’un dirigeant parisien.
Wolfsburg ou Benfica ardemment souhaités
C’est la dure loi du tirage des quarts. Là où celui des huitièmes protège d’un duel entre nations issues d’une même association et d’un affrontement avec un club ayant terminé les poules à la même position ou émanant du même groupe, celui à venir se veut intégral. Bayern-PSG, Real Madrid-FC Barcelone : tout est possible. Même un duel pas franchement sexy entre Wolfsburg et Benfica, les deux plus petits que tous les gros souhaitent évidemment affronter, peut tomber. Le fameux tirage au sort favorable pour le PSG concerne-t-il ces deux clubs ? Très certainement. L’ancien champion d’Allemagne et le leader du championnat portugais disposent d’un effectif de qualité. S’ils doivent leur présence à ce niveau, c’est évidemment grâce à leur talent mais à une autre donnée qui prend toute son importance et qu’on évoque depuis le début de cet article : la chance. Les Loups allemands ont hérité en huitièmes d’une Gantoise pas assez musclée là où le Benfica s’est frotté à un Zenit pas franchement injouable. Donc évidemment, les Parisiens vont prier très fort pour hériter des Allemands ou des Portugais demain.
Le reste du plateau offrirait en effet des duels à l’issue incertaine pour les pensionnaires du Parc des Princes. Du moins pire au pire, allons-y gaiment ! Manchester City est un monstre à l’effectif étoffé et disposant de talents indiscutables. A l’image d’un football anglais richissime mais qui se cherche un second souffle, les Mancuniens n’impressionnent toutefois pas outre mesure et joueront surtout le premier quart de finale de C1 de leur histoire : le poids de l’expérience ou plutôt son absence pourrait peser. L’Atlético Madrid de son côté a un vécu certain et un caractère indiscutable sous Simeone. Mais une formation incapable de marquer en deux matchs contre le PSV Eindhoven apparaît difficilement insurmontable. Le Real de Zizou alors ? S’il n’est évidemment pas aisé à bouger, le onze madrilène n’a pas été totalement souverain contre la Roma au tour précédent et avait pris une leçon de jeu en poules par le PSG au Bernabéu auquel il avait toutefois répondu par une autre leçon : l'efficacité clinique. Reste le Bayern de Guardiola qui aurait dû sortir de la compétition contre la Juventus hier (4-2, ap) sans une baraka incroyable. Un gros morceau qui n’a cependant pas encore autant impressionné que le champion d’Europe en titre barcelonais. Si le PSG hérite de la bande à Neymar demain, il aura de quoi tirer la tronche. Mais pas plus que l’Italie qui sera la seule association majeure sans représentant en quarts. Merci le Bayern et surtout merci le tirage.
Qui sera la prochaine victime du sort ? Au final, comme on le dit souvent, pour être grand, il faut finir par battre tout le monde.