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La vérité cachée de Manchester City-PSG

La vérité cachée de Manchester City-PSG
Si le PSG a sombré, c’est aussi parce que des joueurs comme Van der Wiel ont manqué d’implication (Icon Sport)

Notre équipe était à quelques centimètres de la pelouse hier soir lors du quart de finale retour de la Ligue des champions mettant aux prises Manchester City et le PSG (1-0, 3-2 ag). L’occasion de relater bon nombre de vérités que le petit écran ne peut évidemment pas capter. Comme si vous y étiez.

Oubliez tout ce que vous savez sur le Manchester City – Paris Saint-Germain d’hier soir ! Posté le long de la pelouse, à la merci des ballons perdus et suffisamment près pour entendre les éclats de voix des uns et des autres, un match se lit autrement. Dans cet article, on ne reviendra pas sur les conséquences néfastes de l’élimination parisienne ni sur le déchainement médiatique qu’elle a entrainé mais plutôt sur le camouflet tactique évident signé de l’infortuné Laurent Blanc. Sur le parvis de l’Etihad, lorsque les écrans géants délivrent les compositions d’équipe, notamment celle de Paris, il ne fait guère de doute que l’on va assister à une recette bien spéciale côté PSG. Notre position en tribune ? Face au rond central, le long de la ligne de touche, le catogan de Zlatan Ibrahimovic presqu’à portée de main. On exagère à peine.

Devant le 3-5-2 de Laurent Blanc, inédit à défaut d’être innovant, tandis que l’hymne de la C1 s’affaisse, on assiste à une mise en place tactique étonnante. Gregory van der Wiel s’étire devant nous, côté droit, et dans son alignement, on distingue Serge Aurier devant ce qu’on pensait initialement être l’unique duo de défenseurs centraux : Thiago Silva – Marquinhos. L’idée d’instaurer un système encore jamais expérimenté en match apparaît hautement risquée mais le déroulement logique fait sens. L’entraineur du PSG s’évite la contrainte d’envoyer au charbon Benjamin Stambouli - forcément trop juste pour un tel rendez-vous – et s’octroie le luxe de garder deux cartouches sur son banc : Lucas Moura et Javier Pastore. Le match, verrouillé dans son intégralité, ne va mettre qu’un petit quart d’heure à faire couler le plan tactique de Blanc.

Le navire sombre à tribord

Disposer d’un axe défensif renforcé est à la fois un gage de solidité mais également la perspective de voir les latéraux dépasser légèrement leurs fonctions habituelles en débordant plus qu'à l'accoutumée. Dans ce registre, qu’elles qu’aient été les consignes du coach, on a pu constater que les dégâts émanaient essentiellement du côté droit, celui qui nous faisait face en première période. Van der Wiel n’a presque jamais été en mesure de prendre son couloir et n’a jamais semblé motiver à l’idée de s’y engouffrer. Vu depuis la ligne de touche, le Néerlandais a semblé peu concerné par les séquences d’encouragement et les remaniements tactiques opérés par les leaders. Ce que l’on n’a pas forcément vu à la télé, c’était sa nonchalance et son manque d’implication collective. Le monsieur a fait son match sans forcément se fouler et l’impression générale - puisque ce ne sont que des impressions – laissait à penser que le finaliste du Mondial 2010 n’a finalement qu’une hâte : quitter cet effectif où il n’est semble-t-il plus vraiment à sa place depuis sa prise de bec avec Zlatan à Troyes (0-9).

Concernant Serge Aurier, l’affaire est toute autre. Sa prestation manquée n’a échappé à aucun spécialiste et si le penalty qu’il enclenche par une relance grossière n’a pas eu de conséquence au tableau d’affichage, son naufrage personnel a paralysé le PSG. C’est en partie lui qui a définitivement fait perdre à Paris cette sérénité dont on a grand besoin une équipe pour rallier des demi-finales de C1. L’ancien Toulousain est apparu en panique tout au long de la rencontre, le visage déformé par sa propre infortune lorsqu'il marchait sur les plates-bandes d'un Thiago Silva impérial. Sévèrement remis en place par son capitaine après sa relance foireuse, Aurier n’a jamais su se remettre dans le bain. La victime du remaniement tactique puis de la blessure de Thiago Motta, c’est avant tout lui. Oui, ça a une forme de circonstance atténuante mais le latéral droit a hérité du poste de défenseur axial aux côtés de Thiago Silva sans le moindre repère et sans la moindre confiance. Van der Wiel, insipide, a conservé sa place jusqu'au coup de massue final là où Aurier aurait normalement dû glisser à droite lorsque Paris est revenu en 4-3-3. Seul problème : l’Ivoirien a laissé son talent et sa crédibilité au placard depuis son retour et un changement de club semble s’imposer cet été.

A lutter sans péril, on se brise sans gloire

L’autre problème majeur concernant la rencontre est indiscutablement le manque général de gnaque côté parisien. Là où il n’était pas rare de voir les Citizens haranguer l’arbitre pour des fautes parfois minimes ou s’exhorter les uns les autres à défendre encore et toujours leur avantage, côté parisien, c’était le néant. Ou presque. La perspective de disputer le dernier carré de la Ligue des champions renvoie à une certaine forme de nervosité. Positive, elle en dit long sur l’état d’esprit des troupes. En ce sens, Edinson Cavani était largement au-dessus de son compère offensif, monsieur Zlatan. On a entendu l'Uruguayen râler lorsque les ballons n’arrivaient pas ou lorsqu’il manquait quelque chose, on l’a vu s’agiter auprès du corps arbitral pour des broutilles parfois. On l’a vu frustré au final. Frustré de ne pas voir ses partenaires élever leur niveau et tomber si facilement dans le piège tendu par City. En gros, on a vu un Cavani qui avait les boules de perdre, tout simplement. Comme Silva, comme Rabiot, comme Marquinhos. C’est malheureusement tout.

Et Zlatan dans tout ça ? L’incompréhension totale. Le géant suédois au caractère si trempé dont on disait de lui qu’il donnerait tout pour enfin passer un cap en Ligue des champions ne s’est jamais révolté. Deux-trois gestes par-ci par-là ont rappelé qu’il disposait d’un talent spécial. Mais on ne l’a jamais vraiment vu venir secourir un milieu de terrain aux abois. Lui a préféré poireauter vainement en pointe. Et plus significatif encore : on n’a pas vu Zlatan s’en prendre à ses partenaires, on ne l’a pas vu extérioriser une quelconque frustration, on ne l’a pas vu abattu en fin de match. On n’a finalement eu sous les yeux qu’un Ibrahimovic désintéressé et en apparence peu concerné par le sort du match. Une belle ironie. Ajoutons à cela que seuls Thiago Silva, Lucas, Pastore, Marquinhos et Rabiot ont eu un petit geste de remerciement pour leurs supporters venus en nombre. Les cinq au final qui ont affiché le plus d’envie. La conclusion et la vérité sur ce City-Paris est que le PSG 2015-2016 était une belle escroquerie sur la scène européenne. Perdre est acceptable mais ne pas se rebeller face aux vents contraires ne l’est absolument pas. Vous avez ressenti cet inacceptable manque d’envie devant votre télévision ? Nous, on l’a pris en pleine face, juchés au milieu des supporters citizens fêtant leurs héros dans la liesse. Des héros qui en voulaient, eux.

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