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Souviens-toi... France-Espagne 84

Souviens-toi... France-Espagne 84
Auteur de 9 buts, Michel Platini aura été le principal artisan de la victoire française (Icon Sport)

Souviens-toi de la finale de l'Euro 1984 entre la France et l'Espagne au Parc. Comment ça c'est trop vieux pour toi ? Moi non plus je n'étais pas né et pourtant, ce match, je l'ai vu tellement de fois que ça vaut bien un direct non ? Allez, petit retour sur la première victoire de l'Équipe de France dans une compétition internationale.

Un parcours de champion

Vingt-quatre ans. Nous sommes le 12 juin 1984 et cela fait vingt-quatre ans que la France n'a pas participé à une phase finale de Championnat d'Europe des Nations. D'ailleurs, la dernière fois, c'était en France lors de la toute première édition de cette compétition. Un bail donc. Et en ce 12 juin, la France affronte le Danemark en match d'ouverture et s'impose sur la plus petite des marges grâce à un but de Michel Platini histoire de se mettre en jambes. La poule sera survolée par la France qui va exploser 5-0 ses voisins belges avant de gagner 3-2 contre la Yougoslavie. Tranquille quoi. À oui, j'oubliais, au passage, Platoche a profité de ces deux rencontres pour planter deux triplés. Le meneur de l'équipe de France sort donc des phases de poules avec 7 buts en 3 matchs. À l'époque, la phase finale de l'Euro ne se dispute qu'entre huit équipes réparties en deux poules de quatre. La France qui a facilement finie première de la sienne avec 9 points doit donc affronter en demi-finale le Portugal de Fernando Cabrita qui a fini premier ex-aeco avec l'Espagne, mais avec un moins bon goalaverage.

Devant les 58 000 spectateurs du Stade Vélodrome de Marseille, les hommes de Michel Hildago sont en difficulté et malgré l'ouverture du score de Jean-François Domergue, les Portugais parviennent a arracher les prolongations sur un but de Rui Jordao qui va ensuite donner l'avantage aux siens dans les prolongations. Mais un deuxième but de Domergue, pourtant défenseur central, et un dernier de Michel Platini vont qualifier l'Équipe de France en finale de l'Euro pour affronter l'Espagne, qui a dominé le Danemark aux tirs-aux-buts. Grâce à leur super parcours durant lequel ils n'auront eu que le Portugal pour seule réelle opposition, les Français sont les favoris face à une Équipe d'Espagne qui s'est qualifié en finale avec un drôle de bilan de trois nuls en quatre matchs, ne battant que l'Allemagne de l'Ouest pour s'adjuger la première place de sa poule. En outre, trois des quatre défenseurs titulaires espagnols, Andoni Goikoetxea, Antonio Maceda et Rafael Gordillo sont absent poussant Miguel Munoz, le sélectionneur ibérique, à titularisé son milieu de terrain Ricardo Gallego en stoppeur aux côtés de l'inexpérimenté Salva Garcia.

Arconada et les Bleus dans l'histoire

Pourtant, malgré ces absences importantes, les Espagnols rentrent bien dans le match, se montrant comme le veut le jeu très accrocheur, n'hésitant pas à aller au contact ou à faire des fautes "intelligentes" aux abords du milieu de terrain pour s'éviter des contre-attaques ou pour sevrer de ballon Michel Platini. Sur un corner de Francisco José Carrasco, le n°9 Carlos Santillana saute plus haut que tout le monde et place un coup de casque parfait dans le ballon qui prend le chemin de la lucarne d'un Joël Bats battu qui ne peut accompagner le ballon que du regard. Mais bien resté au premier poteau en couverture, Patrick Battiston sauve les Bleus sur sa ligne en dégageant le ballon de la tête avant de voir Juan Antonio Señor reprendre le ballon de volée aux 20 mètres, mais sa lourde frappe en première intention loupe de peu le cadre. Les deux équipes rentrent aux vestiaires avec la sensation que l'une comme l'autre peuvent marquer à tous moment et que celle qui ouvrira le score remportera ce match qui est une véritable bataille au milieu de terrain, mais assez pauvre en occasion. Bernard Lacombe l'a bien compris et à la 57e minute, l'attaquant des Girondins de Bordeaux pousse son défenseur à la faute et obtient un coup-franc aux 20 mètres plein axe. Le maître artilleur français, Michel Platini pose le ballon, prend trois pas d'élan et enroule sa frappe qui évite le mur, mais Luis Arconada, le portier espagnol, est bien placé et capte facilement la frappe qui manque un peu de force.

Se produit alors l'inimaginable. Lui, le gardien de la Rela Sociedad reconnu par tous comme étant l'un des meilleurs à son poste va faire une cagade en laissant le ballon passer sous son flanc et rouler tranquillement vers les filets. Cette action restera pour toujours gravée dans l'histoire et surtout, assommera les Espagnols et donnera la force aux Français pour tenir. Et comme le match tombe dans une sorte de torpeur, Patrick Battiston décide d'offrir un exemple de solidarité et d'altruisme. À la 70e minute, le latéral français se tourne vers Michel Hidalgo et lui demande le changement, car il s'est blessé à la cuisse. Ni une ni deux, le sélectionneur fait rentrer Manuel Amoros et demande à son joueur qui s'installe sur le banc ce qu'il a. Battiston va alors avouer à son coach qu'il lui a menti, il n'a aucune blessure, mais voulait juste offrir à son ami, et concurrent au même poste, la possibilité de goûter aux joies d'une finale de Championnat d'Europe. Ce geste magnifique va même jouer sur le résultat final puisque dans le temps additionnel et alors que la France joue à dix suite à l'exclusion d'Yvon Le Roux (85e), Manuel Amoros gratte le ballon dans les pieds de son vis-à-vis avant de décaler Jean Tigana qui avance de quelques mètres avant de lancer parfaitement dans la profondeur Bruno Bellone. Le n°11 prend de vitesse les deux centraux espagnols et s'en va défier Luis Arconada qui hésite à sortir avant de se décider, mais trop tard, l'avant-centre français pique son ballon qui lobe parfaitement le gardien ibère avant de retomber dans les buts vides et de sacrer ainsi la France championne d'Europe pour la première fois de son histoire. À l'issue de la rencontre, c'est celui qui sera élu meilleur joueur et meilleur buteur du tournoi avec 9 buts qui va soulever ce trophée. Comme un symbole de la supériorité française sur ce tournoi.

Alors, tu te souviens maintenant ?

Composition des équipes :

France :

1 Joël Bats
5 Patrick Battiston remplacé par Manuel Amoros (73e)
15 Yvon Le Roux
3 Jean-François Domergue
14 Jean Tigana
6 Luis Fernandez
10 Michel Platini (cap.)
12 Alain Giresse
17 Bernard Lacombe remplacé par Bernar Genghini (80e)
11 Bruno Bellone

Sélectionneur : Michel Hidalgo

Espagne :

1 Luis Arconada (cap.)
2 Santiago Urquiaga
12 Salva remplacé par Roberto Fernández (85e)
10 Ricardo Gallego
3 José Antonio Camacho
14 Julio Alberto Moreno remplacé par Manuel Sarabia (75e)
7 Juan Antonio Señor
8 Víctor Muñoz
16 Francisco López Alfaro
9 Carlos Santillana
11 Francisco José Carrasco

Sélectionneur : Miguel Muñoz

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