A-t-on vu les Bleus trop beaux ?
Dans l’euphorie grandissante liée à l’Euro organisé dans l’hexagone, on en avait brièvement oublié l’aspect sportif. Pourtant, Portugais, Suisses ou Polonais peuvent en attester : remporter un match d’ouverture à la maison n’est absolument pas simple et pour y arriver, les Bleus ont galéré. Les premières minutes de France-Roumanie l’ont clairement mis en évidence avec des joueurs français aux jambes flageolantes face à des Roumains plus à leur aise. Alors qu’elle avait su faire preuve de caractère en préparation, l’équipe de France a semblé quelque peu naïve face aux vents contraires et n’a jamais su prendre le match à son compte jusqu’au pétard de Dimitri Payet. Une bien mauvaise surprise pour Didier Deschamps, qui attendra plus de sérénité mercredi à Marseille contre l’Albanie.
Dimitri Payet est-il le leader technique de cette équipe ?
Dimitri Payet est véritablement l’homme du match. On peut même dire que c’est l’homme de cette équipe. C’est lui le leader incontestable. Physiquement et techniquement, le joueur a brillé de nouveau ce soir. A la fois passeur et buteur, le joueur fait l’unanimité. Avant d’offrir à Olivier Giroud ce but de la tête, Payet avait servi Antoine Griezmann plusieurs fois, notamment en première mi-temps où le joueur de l’Atlético avait vu sa tête arrêtée par le poteau roumain. En plus de ses qualités de passeur, on a pu voir ses qualités de dribleur. En un mot : impressionnant. Des contrôles toujours parfaits, une capacité à se défaire de ses adversaires avec un simple passement de jambes ou une capacité à jouer le une-deux bien mis en place, le joueur a démontré qu’il n’avait aucun mal à effectuer des actions solo. Mais il est également capable de défendre et récupérer la balle pour relancer son équipe sans aucun effort. Et en ajoutant son excellente vision de jeu, il est sans conteste l’atout maître de Didier Deschamps.
Paul Pogba et Antoine Griezmann étaient-ils à la hauteur de l’événement ?
Les premiers changements opérés par Didier Deschamps au cours de la rencontre ont vu Paul Pogba et Antoine Griezmann céder leur place à Kingsley Coman et Anthony Martial. Un choix qui a surpris dans la mesure où les deux hommes ne réalisaient pas un si mauvais match. Pour le joueur de l’Atlético qu’on a annoncé juste physiquement, ce n’est peut-être qu’un choix tactique pour le préserver en vue du mois délicat qui s’annonce. Concernant le Turinois, la donne est sans doute différente. S’il a passé une grande partie du match à gêner les Roumains par sa technique, on l’a vu jouer plus compliqué que ce qu'il pouvait faire et il y a fort à parier que la sélectionneur attende plus de celui qu’on présente comme le meilleur joueur des 23. Sacrifier Pogba pour réaliser un ajustement tactique et replacer Payet dans l’axe aura souri à son équipe. De fait, coup de force de Deschamps et preuve que personne n’est intouchable en Bleus.
Où était le Patrice Evra de la Juventus ?
Si l’équipe de France est sortie victorieuse de son entrée en lice dans l’Euro, tout le monde n’a pas été à la fête. Alors qu’il est en règle générale plutôt fringant sur son côté gauche avec la Juventus Turin avec laquelle il vient de réaliser le doublé Coupe-Championnat, le doyen des Bleus a réalisé une partie moribonde. Très généralement mis à mal par les latéraux roumains, il provoque le penalty (son premier en Bleus) et est à l’origine de nombreuses approximations. De là à voir Lucas Digne lui passer devant ? Sans doute pas mais il faudra un autre Evra pour atteindre les sommets européens. A lui de répondre positivement mercredi contre l’Albanie. Il sera attendu, à coup sûr.
La Roumanie peut-elle manquer la qualif’ avec cette défense ?
L’équipe roumaine a été plutôt timorée dans ce match, surtout en première mi-temps. Elle a pourtant su mettre en difficulté l’équipe de France à de nombreuses reprises, mais cela a été principalement dû à l’efficacité de son milieu de terrain. L’attaque n’a pas été décisive, et la défense a totalement capoté malgré sa solidité globale. En deuxième période, on a vu non pas 4 mais 11 joueurs en défense, preuve en est que le sélectionneur roumain a bien remarqué la faiblesse de sa défense. Des fautes « techniques » qui méritent plus qu’un simple jaune, des mauvaises relances et mauvais marquages, la défense qui avait pourtant permis à la Roumanie de n’encaisser que 2 buts en phase qualificative n’a réellement rien démontré de bon ce soir. Pour autant, elle a failli faire déjouer les Bleus. Sacré football.
Par Aurélien RENAULT et Julia CHENU