Comme le relatait Enquête de foot dans un récent numéro sur Canal+, le football est devenu une vitrine pour le gouvernement Hongrois. Pour justifier sa politique, il fait bien évidemment référence au passé. Dans les années 50, la sélection Hongroise est certainement la plus forte du monde. Pour beaucoup, cette domination atteint son paroxysme en novembre 1953, lorsque la génération dorée emmenée par Ferenc Puskàs atomise l’Angleterre à Wembley (3-6). Certains Hongrois parlent encore aujourd’hui de match du siècle. Ce onze d’or perd pourtant la finale du Mondial 54 face à l’Allemagne. C’est une grosse surprise tant la sélection domine son sujet. Après cette génération, le football Hongrois retombe quelque peu dans l’oubli.
Mais aujourd’hui, un homme tente de faire renaître ce glorieux passé. Le pays a connu depuis une trentaine d’année un bouleversement au niveau politique. Le communisme a laissé place à un nationalisme assumé. Victor Orbàn, le premier ministre Hongrois, en est le symbole. Une fois en place, le sport et en particulier le football est devenu priorité nationale. Il en est fan et passe d’ailleurs tous ces week-ends dans les stades à suivre des rencontres nationales. Pour trouver l’argent nécessaire à ses ambitions (puisque la situation économique du pays est loin d’être confortable), le gouvernement a fait voter une loi appelé « système Mao ». Le principe est simple, inciter les entreprises à investir dans le sport en échange d’une forte réduction d’impôt (jusqu’à 70%). Avec ce processus, le pays peut se concentrer sur de nouveaux ambitieux et coûteux projets.
La formation, toujours la formation
Un vaste plan de construction et de rénovation de stade est lancé pour 2018. 23 enceintes vont faire peau neuve avec notamment le nouveau stade national de Budapest. Le coût des travaux est estimé à 300 millions d’Euros pour ce seul projet. L’exemple à suivre en matière de stade est celui du champion en titre, le Ferencvàros FC, qui dispose d’une enceinte ultra-moderne. En parallèle, Orbàn met également les moyens pour l’autre priorité, la formation. Il y a 8 ans, la « Ferenc Puskàs Academy » voit le jour. Un centre de formation flambant neuf qui a pour vocation de fournir les nouvelles pépites du football Hongrois. Depuis, ce centre est devenu un club de première division. D’autres centres ont vu le jour à travers le pays et le travail devrait payer dans quelques années.
Pour améliorer la formation, le gouvernement du pays s’ouvre à l’extérieur (paradoxal pour des nationalistes). Il fait appel à des anciens joueurs Hongrois ayant évolué hors des frontières, mais aussi à des étrangers. Bernard Casoni est par exemple venu entraîner Videoton dans les années 2010. A son arrivée, il a été reçu en premier par Victor Orbàn lui-même, preuve de l’implication du gouvernement dans le secteur. Autre exemple de cette « ouverture », la présence de l’Allemand Bernd Storck à la tête de la sélection. C’est avec lui que la Hongrie s’est donc qualifier pour l’Euro 2016, après 30 ans d’attente.
Avec de gros efforts financiers, le gouvernement actuel tente donc de redonner au football Hongrois ses lettres de noblesse. Le football est devenu un enjeu politique. Cette participation à l’Euro est une première étape dans le long chemin qui mène au succès, pour la sélection comme pour le pouvoir en place.