Sur le terrain
Les petites sélections ont bluffé :
Irlande du Nord. Islande. Pays de Galles. Slovaquie. Hongrie. Les quatre premiers disputent leur tout premier Euro. Le dernier n'y avait plus mis les pieds depuis 1972. Tous ont été au rendez-vous des huitièmes de finale. Hongrois et Gallois ont même terminé en tête de leur groupe, devant le Portugal et l'Angleterre. En passant de 16 à 24 équipes, on pensait que la phase finale du Championnat d'Europe offrirait un premier tour avec un niveau très disparate entre les grosses nations et les "petites" équipes. C'est tout le contraire, tant cet Euro aura été paradoxalement celui de la réduction du niveau d'écart entre les différents pays.
Malgré leur élimination par la France en quart de finale (2-5), les Islandais resteront la grosse surprise de cet Euro. Première participation de leur histoire au tournoi continental, et une deuxième place raflée dans leur poule (devant le Portugal et l'Autriche), avant d'éliminer l'Angleterre en 8es de finale (2-1). Bref, les "Vikings" n'ont pas volé leur place en quarts. D'autant qu'à chacune de ses rencontres, la sélection de la petite île de 320 000 habitants a bénéficié du soutien sans équivoque de ses très nombreux supporteurs dans les stades français : entre 6 et 10 % de la population !
Bravo à l'Islande pour son superbe parcours ???? pic.twitter.com/ZXVb6u6bxE
— PassionFootball Club (@PassionFootClub) 3 juillet 2016
Le Pays de Galles fait également partie des équipes que l'on n'attendait pas, eux qui affronteront mercredi le Portugal de Cristiano Ronaldo pour une place en finale. Qui aurait imaginé que les Gallois, absents des grandes compétitions internationales depuis 1958 seraient encore là à quatre jours de la fin ? Pas grand monde. Depuis le début, hormis une défaite face à l’Angleterre lors du deuxième match (2-1), La sélection dirigée par Chris Coleman réussit un énorme tournoi. La star de la sélection Gareth Bale répond présent avec trois buts au compteur, accompagné par le roc en défense Ashley Williams et le Gunner Aaron Ramsey. Après avoir battu la Belgique au tour précédent (3-1), nul doute que les Gallois ne voudront pas s’arrêter là. Et vu les prestations du Portugal, il y a largement la place.
Les favoris n'ont pas été au rendez-vous :
Autre signe de l'étroitesse des écarts entre les nations, beaucoup de rencontres n'ont trouvé leur dénouement que sur le fil. 13 des 36 matches de poules se sont ainsi décidés après la 80e minute. L'Allemagne n'a pas impressionnée, même si elle reste la nation la plus solide de l’Euro, et l'Espagne, championne d’Europe en titre, n’a même pas dépassé les 8e. L’Angleterre s’est fait sortir par l’Islande et ses 100 joueurs professionnels. La Belgique, considérée comme l’outsider le mieux armé, a littéralement explosé face aux Gallois (1-3). Seule l'Italie, considérée comme faible avec un groupe sans talent par les spécialistes, s'est montrée au niveau et a donné du fil à retordre à la Belgique, la Suède et la Roja. Il a fallu que les Allemands aillent jusqu’aux penaltys dans une série interminable pour disposer de la formation d’Antonio Conte.
La France, maître en ses lieux :
Pour les Bleus et la FFF, c'était un minimum. Pour que l’Euro 2016 soit réussi, il fallait atteindre le dernier carré de la compétition. Afin de marquer une progression par rapport à la Coupe du monde brésilienne. Mais aussi parce que la route des Tricolores n’a pas été semée de beaucoup d’embûches. Après la Roumanie, l’Albanie, la Suisse, l’Irlande et l’Islande, place au plus gros morceau possible : l’Allemagne. Ce sera évidemment la revanche du quart de finale de 2014 (1-0). Les Français se seront mis dans les meilleures conditions possibles après leur écrasante victoire contre l'Islande en quarts (5-2). Griezmann, auteur d’un début de tournoi timide, montre toute l'étendue de son talent avec un statut de meilleur buteur de la compétition (4 buts). Giroud, dont la plupart avait des doutes sur sa capacité à porter l’attaque des Bleus, n'est pas moins en reste avec trois buts. Quant à Payet, il a délivré les Bleus lors du match d’ouverture contre la Roumanie (2-1) et enchaîne les bonnes prestations. La qualité de ses dribbles, ses coups francs et ses frappes aussi précises que puissantes font de lui la principale arme offensive de la sélection tricolore. Autant dire que Didier Deschamps dispose de quelques certitudes avant d’affronter la Mannschaft.
Ils sont prometteurs : Emre Mor et Renato Sanches
Certes, la Turquie a quitté l’Euro dès le premier tour mais elle s’est découvert une nouvelle pépite. Emre Mor, 18 ans, titulaire lors du troisième match des Turcs (victoire 2-0 contre la République tchèque), a démontré une partie de son talent qui lui vaut déjà le surnom de « Messi Turc ». Le phénomène, né au Danemark, va quitter son club FC Nordsjælland pour rejoindre l'Allemagne et le Borussia Dortmund.
Renato Sanches ralliera lui aussi l'Allemagne après son Euro. Le jeune milieu de terrain du Portugal - qui jouera pour le Bayern Munich la saison prochaine - est devenu le plus jeune buteur d’une rencontre couperet à l'Euro (18 ans et 10 mois) contre la Pologne (1-1, 5 tab à 3) où sa jeunesse a fait le plus grand bien. Pour sa première titularisation de l’Euro, le joueur aux dreads a offert quelques petits bonbons à cette Seleccao en mal d’inspiration, dont le but égalisateur, sur un bel enchaînement (33e). Fernando Santos devrait sans doute lui offrir une deuxième titularisation face aux Gallois. Assurément l’avenir du football portugais.
Hors terrain
Ils ont fait le buzz : Les supporteurs irlandais
Les supporteurs irlandais qui chantent une berceuse dans le métro, les supporteurs irlandais qui chantent pour la police française, les supporteurs irlandais qui chantent la sérénade à une jeune Française… Ils sont les vedettes de cet Euro. Chaque jour, les vidéos de leurs « exploits » ont fait le tour du Web. Lors du 8e de finale, la France avait pu découvrir la douce folie des fans irlandais.
La chanson : « Will Grigg’s on fire »
Elle restera comme le tube de l'Euro 2016. Les supporteurs de l’Irlande du Nord ont entonné à tout-va ce chant – sur l’air entêtant d’un tube des années 1990 « Freed from Desire » de Gala – à la gloire d’un de leurs attaquants, le dénommé Will Grigg qui joue en deuxième division anglaise avec Wigan. Bien qu'il n'ait pas disputé la moindre minute durant l'Euro, l'attaquant de 25 ans a acquis le titre de star absolue. Il confiait à L'Équipe après l'élimination de son pays face aux Gallois (défaite en 8e 1-0) son étonnement sur cette soudaine notoriété : « C’est purement incroyable. Cette chanson me dépasse. J’arrive de Wigan où je suis une star. Mais c’est à une toute autre échelle, on est monté de troisième en deuxième division et là, d’un coup, c’est une popularité européenne qui me tombe dessus. Tout ça me motive encore plus. C’est énorme. Je veux profiter de cet élan. »
Les flops : L’état des pelouses et les hooligans russes
« Désastre » à Marseille, « désolante » à Lille, Didier Deschamps n’avait pas caché son agacement quant à la piètre qualité des pelouses sur lesquelles l’équipe de France a joué depuis le début de l’Euro. Cet inquiétant état des gazons français a d'ailleurs suscité l'indignation générale des acteurs et des observateurs. Devant la polémique, l’UEFA a décidé de remplacer la pelouse du stade Pierre-Mauroy de Lille, mais le problème demeure dans certains autres stades.
La Russie, éliminée de l’Euro aux poules, a montré un bien triste visage autant sur le terrain qu'en dehors. Des hooligans russes (ce ne sont pas des supporters) ultra-violents avaient provoqué de graves incidents dès le deuxième jour de la compétition à Marseille en marge de la rencontre entre la Russie et l’Angleterre, provoquant les importantes blessures de deux supporteurs anglais. Le point noir de la compétition.