Ils s’appellent Erick Thohir et Bee Taechaubol. Le premier est un richissime homme d’affaires indonésien et s’apprête à renvoyer l’Inter Milan au sommet à coups de millions. Le second, un Thaïlandais, n’est pas propriétaire du club qu’il souhaite remettre sur pied – on parle ici du Milan AC – mais s’est associé à Silvio Berlusconi pour sortir les Rossoneri de leur léthargie. Les deux clubs milanais, absents ensemble cette saison des Coupes d’Europe pour la première fois depuis 60 ans, ont donc investi massivement sur le marché des transferts pour retrouver les sommets. Les Nerazzurri ont dépensé près de 70 millions d’euros pour récupérer – entre autres – Geoffrey Kondogbia (ex-Monaco) et Miranda (ex-Atlético Madrid). De leur côté, les joueurs de Silvio seront renforcés par les arrivées des Romains Romagnoli et Bertolacci alors que la recrue phare chez les Rouge et Noir n’est autre que l’ancien serial buteur du FC Séville, Carlos Bacca. Tout ce petit monde est arrivé pour la modique somme de 75 millions d’euros. Easy quand on n’a pas le fair-play financier aux fesses, absence d’Europe oblige.
Les deux clubs déchus de la hiérarchie italienne entendent bien remettre à leur place les anciens seconds couteaux que sont la Roma, la Lazio, la Fiorentina et le Napoli. Tous représentants de la Serie A sur la scène européenne cette saison, ces quatre clubs auront bien du mal à résister aux débordements des Milanais. D’une part parce qu’ils n’ont pas eu un mercato aussi aisé que leurs rivaux – vive l’argent, on n’arrête pas de le dire - et se sont vus délester de nombreux joueurs importants (notamment l’AS Rome). D’autre part la saison européenne risque de leur faire lâcher du lest en championnat, là où l’Inter et le Milan pourront tracer leur route sans penser à autre chose qu’à leur retour aux affaires. Dans une Europe où l’argent fait très clairement le bonheur, n’en déplaise aux fervents défenseurs des vieilles vertus du football, l’Italie aura mis du temps à s’aligner mais s’est finalement rangée sous l’égide des mécènes du ballon rond. Sa survie en dépendait et sa révolution va démarrer dès ce week-end.
La Juve en favorite, une lutte pour le maintien indécise
Pour opérer son renouveau, la Serie A va pouvoir compter sur une locomotive bien rodée. Ne vous inquiétez pas, nous ne l’oublions pas. La vice-championne d’Europe turinoise, sa majesté la Juve, va évidemment s’élever de nouveau en épouvantail de la Botte. Quadruple tenante du triple, elle part très largement avec la faveur des pronostics et à l’instar du PSG et du Bayern, elle possède déjà une main sur son trophée domestique. La Juve a perdu Tevez ? Elle a dégainé 32 millions pour la pépite Paulo Dybala ! Exit Arturo Vidal parti garnir les rangs munichois ? Qu’importe, la Vieille Dame va confier les rênes à Paul Pogba, désormais star numéro 1 du club. Preuve de l’importance prépondérante désormais occupée par le Français le plus convoité du monde (devant Kendji Girac), les dirigeants turinois lui ont accordé le légendaire numéro 10, dernièrement porté par Carlos Tevez mais aussi et surtout les légendaires Platini, Baggio et Del Piero. Pogboum a les clefs du carrosse et il compte bien le ramener à bon port, c’est-à-dire une fois encore, au zénith. Même les millions milanais auront du mal contre la machine domptée par Massimiliano Allegri.
S’il n’y a guère de doute quant à l’identité des clubs qui occuperont les places d’honneur en fin de saison, la Serie A va aussi entrer en plein renouveau pour ce qui concerne ses équipes de bas de tableau. Entre la mort latente du légendaire Parme FC et l’incapacité de clubs historiques à remettre les pieds dans l’ascenseur (la Reggina, Catane ou Livourne notamment), des petits nouveaux se sont frayés une place parmi l’élite. Le Carpi FC (club de Modène), champion de Serie B l’an passé et son dauphin, le Frosinone Calcio (non loin de Rome), joueront leur première saison en Serie A. L’apprentissage risque d’être difficile pour ces nouveaux venus mais dans un pays où l’argent dicte les règles plus qu’ailleurs et où – conséquence - de nombreux clubs sont en récession, l’exploit est peut-être plus proche qu’on l’imagine dès lors qu’on avance avec des bonnes idées. Sassuolo, qui démarre sa troisième saison de suite dans l’élite, en est le dernier exemple en date. Que les Atalanta, Vérone (Chievo et Hellas) et autres Empoli ne se croient pas sauvés d’avance : on y croit, cette Serie A sera disputée. A tous les étages.