Le football est un monde rempli de clichés et d’expressions d’une banalité parfois affligeants. L’une d’elle consiste à dire que dans le monde du ballon rond, tout change très vite. Si l’on peut se désoler de ce poncif, force est de constater qu’il possède une part de vérité non négligeable. Prenez José Mourinho. La saison passée, le technicien portugais était le Happy One, l’enfant prodige de retour à la maison pour apporter succès et prospérité aux siens. Il y a peu, Chelsea dominait le Royaume. L’équipe siégeait sur le trône de la BPL, scrutant Manchester City et Arsenal d’un regard orgueilleux. Aujourd’hui, le club de Londres regarde avec méfiance Bournemouth, 17ème du championnat, aujourd’hui Chelsea ne rêve plus de sommet, aujourd’hui Chelsea espère ne plus tomber. José Mourinho, capitaine d’un navire à la dérive, est plus que jamais pointé du doigt Outre-Manche. On l’adorait pour ses frasques en conférence de presse, on le critique désormais pour sa mauvaise foi permanente. On admirait sa manière de protéger son groupe, on le taxe à présent de faire exploser son vestiaire. La stratégie de communication de José Mourinho a toujours été une source inépuisable de débats, sauf qu’aujourd’hui elle le place dans une situation inédite, celle d’un entraîneur menacé par manque de résultats.
La question est de savoir pourquoi cet homme, qui semble avoir gravé dans son ADN le mot "gagner", est aujourd’hui incapable de redresser son équipe, si performante la saison passée. La réponse est peut-être à chercher dans la manière dont José Mourinho dirige son groupe, communique face à lui et face aux médias. Après la défaite subie face à Stoke City (1-1, 5-4) mardi dernier en League Cup, le Special One a déclaré « C'est un manque de respect pour les joueurs, pas pour moi. Ce serait une situation idéale pour moi si les joueurs étaient contre moi. Je pourrais dire : 'On n'a pas de bons résultats en ce moment car les joueurs sont contre moi' ». C’est un genre de sortie dont le Portugais est coutumier. Par ces mots, il se pose comme un bouclier. Il provoque, attire les foudres ou les louanges sur sa personne, espérant ainsi protéger son groupe de toutes les interactions extérieures. Cette stratégie, José Mourinho l’a utilisée à Porto, à l’Inter et au Real Madrid. Cette attitude agace bien souvent. Pourtant, force est de constater que les résultats ont longtemps été au rendez-vous. La saison dernière, le Chelsea version José Mourinho 2.0 donnait l’impression de pouvoir dominer la Premier League pendant un long moment. Sans être exceptionnel, les Blues dégageaient un sentiment de supériorité tout à fait remarquable. Cette confiance, les pensionnaires de Stamford Bridge la tiraient en grande partie de leur entraineur. Doté d’un leadership hors norme, José Mourinho a su bâtir un groupe à son image : impertinent, solide et efficace.
Pourtant, cette saison, le Special One semble avoir perdu la recette. Avec trois victoires pour cinq défaites, le club est enlisé à une triste 15ème place. Pourquoi, avec un effectif inchangé, José Mourinho n’arrive plus à faire gagner son club ? Si c’est la première fois que le technicien portugais se trouve confronter à ce genre de situation, il faut cependant garder en tête que la stratégie de communication de José Mourinho a souvent, sur le long terme, des effets néfastes. Pour rappel, quand il quitte le Real Madrid en 2013, le double vainqueur de la Ligue des Champions laisse derrière lui un vestiaire à feu et à sang. Ses frasques, sa manière de gérer son groupe et les égos lui font perdre le soutien des cadres de la Maison Blanche. Cette saison, plus tôt que prévu, les joueurs de Chelsea ne semblent plus adhérer aux discours de leur entraîneur. Si rien (ou presque) ne fuite sur l’état du vestiaire londonien, les résultats sont là pour montrer que quelque chose ne marche plus dans le management du Portugais. À force de vouloir protéger son groupe en attirant la lumière sur lui, José Mourinho est peut-être en train de déresponsabiliser ses joueurs, les privant ainsi d’une prise de conscience nécessaire. Par ailleurs, la presse anglaise, friande des punchlines du Special One, ne cesse de scruter le club et de décrypter les déclarations de son entraîneur, privant ainsi les Blues d’une sérénité vitale. Dans ces conditions, la réception de Liverpool ce samedi pourrait bien être la fin d’une époque à Chelsea et les limites d’une stratégie de communication Special.
Mourinho s'est incliné à 8 reprises cette saison soit autant que lors des 5 saisons complète qu'il a passé à Chelsea pic.twitter.com/KunXq8pzK4
— Mr Foot (@actus_foots) 29 Octobre 2015