Des débuts rapides mais compliqués
Loïc Perrin et l'AS Saint-Étienne, c'est avant tout une histoire d'amour commencée alors qu'il n'avait que 12 ans. Lui, l'enfant du pays rejoint donc ce club qu'il ne quittera (pour l'instant) jamais. Grâce à son autorité naturelle et son intelligence de jeu, Perrin grimpe vite dans la hiérarchie et glane ses premières minutes en professionnel en rentrant en jeu face à Lorient en août 2003, une semaine seulement après son 18ème anniversaire. Champion de Ligue 2 dès cette même première saison avec le groupe pro, il goûte aux joies de la Ligue 1 en étant titularisé face à Lens le 14 août 2004 pour une lourde défaite 3-0. Cela n'empêche toutefois pas le jeune joueur, qui est alors encore au poste de milieu défensif, de s'imposer de plus en plus dans l'équipe stéphanoise. Ses bonnes prestations lui permettent d'être convoqué par Pierre Mankowski pour participer au Festival de Toulon avec l’Équipe de France Espoirs dont il sera même le capitaine. Mais dès la saison suivante, les ennuis commencent avec une première blessure au genou. Et c'était justement face à l'OM … Dès son retour à l'entraînement, le joueur, qui n'avait pas encore les cheveux poivre et sel, se déchire les ligaments croisés et sera donc, au final, écarté des terrains durant plus d'une année entière.
Nouveau départ et nouvelles blessures...
Enfin remis de ces deux grosses blessures, Loïc Perrin est repositionné en tant que latéral droit, par Laurent Roussey, qui lui confiera ensuite le brassard de capitaine après le transfert de Julien Sablé. Les Verts sont alors dans une période noire, depuis plusieurs saisons ils jouent le maintien mais la nomination de ce jeune joueur prometteur et formé au club en tant que capitaine est un véritable message de volonté de remettre les choses à plat et de recommencer avec des bases saines. C'est finalement ce qu'est d'ailleurs réellement Perrin, un homme sain, car en plus d'être joueur et supporter de son club, il est devenu un relais et un pilier pour ses coéquipiers, n'hésitant pas à monter aux avant-postes pour apporter ses coups de tête ravageur. A l'aise dans son nouveau rôle, le Stéphanois s'éclate et comme par hasard, son équipe commence à aller mieux, comme sous l'impulsion de son nouveau patron. Pourtant, alors qu'il est en train de monter en puissance et de gagner de l'assurance, le numéro 24 rechute et se blesse à plusieurs reprises, ne retrouvant les terrains qu'avec parcimonie entre janvier 2008 et mars 2009. Malgré ces problèmes physiques récurents, il continue d'attirer sur lui les regards de plusieurs autres clubs comme Monaco mais même s'il a hésité, à un moment donné, à partir en raison des mauvais résultats, il ne quittera finalement pas le Forez, notamment grâce à un homme, Christophe Galtier.
Enfin la reconnaissance de tous !
L'arrivée de Christophe Galtier modifie de nombreuses choses à Saint-Étienne, on recommence à rêver d'aller chercher une place européenne et l'équipe développe un jeu rapide et offensif. Loïc Perrin réussit une très bonne saison 2010/2011 même si le club ne finit qu'à la dixième place du classement. Cette saison restera tout de même marquée par la première victoire de l'ASSE à Gerland depuis 1992, à l'occasion du 100ème derby entre les deux clubs (victoire 0-1). Mais sans doute car il a enchaîné les matchs avec trop d'intensité, Perrin se refait les croisés le 31 août 2011 face à Bordeaux. Il fait donc, de nouveau, une saison quasiment blanche, ne jouant que 11 matchs toutes compétitions confondues. Les blessures à répétition du capitaine deviennent alors un sujet gênant du côté de Sainté mais Christophe Galtier trouve la parade, il décide de replacer son homme de confiance en défense centrale pour le ménager des longues traversées du terrain. Sans non plus parler de coup de génie de la part du coach marseillais, il faut bien se le dire, cette décision permet à Loïc Perrin de changer de dimension.
Finis les blessures ou les coups de fatigue à la fin des matchs, maintenant, le joueur enchaîne les matchs sans pression et offre des prestations de haute volée permettant ainsi à sa défense d'être la deuxième meilleure du championnat, mais aussi et surtout, il devient le premier capitaine des Verts à soulever un trophée depuis 1981 ! En effet, grâce à une défense solide et ce diable de Brandao toujours friand de cette compétition, l'ASSE remporte la Coupe de la Ligue en 2013 face à Rennes (1-0). Déjà très apprécié par ses supporters Perrin devient ainsi une icône à l'image du retour triomphal des joueurs dans le Forez où des milliers de personnes attendaient les joueurs, lui en tête, pour enfin fêter un titre.
Ses deux saisons suivantes sont du même niveau, il devient l'un des meilleurs défenseurs centraux de France au point d'être présent dans l'équipe type de la saison 2013/2014 aux côtés du parisien Thiago Silva. Ses excellentes performances des dernières saisons lui valent une reconnaissance encore plus forte puisque Didier Deschamps décide de le convoquer dans le groupe France élargie pour le Mondial 2014. S'il ne sera finalement que réserviste, cette convocation lui donne une nouvelle source de motivation pour conserver son niveau. Il profite ainsi de la fin de ses blessures à répétition pour être enfin régulier et le sélectionneur des Bleus le convoque de nouveau pour des matchs amicaux à la fin 2014 puis lors du dernier rassemblement, la semaine dernière.
Toutefois, même s'il commence à être un habitué du groupe France, le Stéphanois n'a toujours pas connu sa première cape et continue à l'heure actuelle de jouer un rôle de l'ombre, celui de faire le nombre en étant suffisamment intelligent et discret pour ne pas se plaindre de la situation tout en étant toujours prêt comme il l'expliquait au Progrès «Je savais que je ne serais pas titulaire. J’espérais cette sélection, mais je ne désespère pas. Je sais que je ne fais pas partie des premiers choix.[...] J’ai toujours dit que j’étais là au cas où.» Pour Loïc Perrin qui, plus que jamais, a porté son équipe en ce début de saison avec des buts, des relances parfaites et des alignements parfaits, le match de ce soir sera crucial en affrontant un (potentiel) concurrent direct aux places européennes. Car si les deux équipes sont capables du meilleur comme du pire depuis ce début de saison, Saint-Étienne, aura encore une fois besoin des tacles virils et des coups de casque puissants de son capitaine courage, pour accueillir l'OM comme il se doit dans le Chaudron.