Comment ne pas se souvenir de Mickaël Pagis ? Un joueur d’une grande élégance. Un esthète soucieux du geste juste et à la détente incroyable. Le genre de garçon qui décolle le premier et retombe le dernier. Il planait, en fait. La classe à l’état pur. Tout ce qu’il faisait était pensé. Réfléchi. Dans le sens du jeu et de l’équipe.
A la retraite depuis 2010, l’ancien Strasbourgeois vit aujourd’hui entre Angers, sa ville natale, et Rennes, son dernier club « Je me sentais bien à Rennes » avoue-t-il. Il fréquente fréquemment les plages bretonnes. Mais pas seulement pour s’y balader. Non. Mickaël Pagis a faim, pas le genre de personne à rester fixé sur le canapé « J'ai passé mon diplôme d’entraineur, je suis resté au stade rennais en tant qu’éducateur. J'ai arrêté depuis l’année dernière et aujourd’hui je travaille au développement du beach-soccer en Bretagne. Après quatre ans en équipe de France j’ai eu envie de faire partager ma passion aux gens qui connaissent moins. » Cette passion pour le foot ensablé, l’ancien sochalien l’a découverte par le biais de Pascal Olmeta avec qui il évoluait au Gazelec Ajaccio. Très vite, il retrouve dans ce « sport très dynamique » des caractéristiques presque introuvables dans le football traditionnel. « Ce que j’ai vécu en tant que joueur c’était extra. Notamment à Sochaux, une super aventure humaine. Mais à partir du moment où je me suis mis au beach, ce que j’ai découvert m’a vraiment plu. Cet aspect spectaculaire, créatif, technique, offensif… avoir le côté compétition avec le plaisir de tenter des gestes. »
Peu adepte du football moderne
Alors forcément, sa voix n’est pas très enjouée lorsque l’on évoque le football moderne, ses matchs nuls et ses contrôles manqués : « On a tendance à s’ennuyer en regardant les matchs. Depuis un moment on a vraiment mis l’aspect défensif en avant au détriment du jeu pour marquer un but de plus que l’adversaire. C’est dommage. Mais j’ai bon espoir qu’on se rende compte de tout ça et que ça revienne ». Penser à bien défendre avant de se projeter vers l’avant, une mentalité qui ne colle pas franchement avec le style de l’ancien neuf et demi, lui qui prend autant de plaisir à voir jouer Iniesta que Cristiano Ronaldo.
Pour lui, le football est question d’anticipation, de gestion, de vision de jeu. « Voir avant les autres, c’est ce qui me caractérisait. Je fuyais plutôt les duels pour jouer le ballon avec plus de recul. » Coéquipier de Pagis à Sochaux, Mickaël Isabey le décrit comme « Un grand joueur, un grand homme. Il était beau à voir jouer. »
Lors de leurs saisons dans le Doubs (2001-2004), les deux hommes partageaient la même chambre. « C’était un coéquipier, c’est devenu un ami. On aimerait se revoir en famille pour partager des bons moments mais avec la distance ce n’est pas possible » assure l’ancien milieu de terrain, désormais entraîneur du Racing Besançon (CFA2).
Mickaël Pagis aimait les challenges. Prendre le risque de partir pour découvrir de nouveaux horizons. De ses débuts à Laval jusqu’à sa retraite à Rennes, il a connu huit clubs et atteint l’élite à 28 ans. Tard. Trop tard selon lui pour un jour être appelé en Equipe de France « Je pense que j’ai atteint ma plénitude à un âge où on ne peut plus aller en sélection, vers 32-33 ans. C’était une compensation de porter le maillot Bleu en beach. » Pas le temps pour les regrets. Plutôt une fierté lorsqu’il regarde en arrière « Oui, je suis fier de ce que j’ai fait. Rien d’exceptionnel mais j’ai laissé une petite empreinte de mon jeu. »