Le troisième échelon national cultive une singularité assez déconcertante cette année. Presque à en devenir schizophrène. Après une embellie, on se retrouve à jouer la montée en Ligue 2. Et quand la dépression arrive, on se met à trembler et on parle d’opération « maintien ». Plusieurs clubs sont déjà passés par ce sentiment bipolaire comme le CA Bastia, Châteauroux ou encore Boulogne. A neuf journées de la clôture du championnat, quasiment toutes les écuries ont encore les cartes en main, tant pour monter au septième ciel que pour éviter le plongeon dans les abîmes de la quatrième division.
1 – Strasbourg, 46 points
Recalée in extremis dans la course à la montée l’an passé, la formation alsacienne est bien partie pour retrouver un monde professionnel, quitté il y a 6 ans maintenant. Après avoir conservé ses meilleurs éléments de l’année passée (Jérémy Blayac et Ernest Seka), le Racing s’est considérablement renforcé à l’intersaison (arrivées de Felipe Saad, d’Eric Marester et d’Oumar Pouye), puis au mercato hivernal avec l’arrivée en prêt du Lorientais Denis Bouanga. Nullement étonnant donc de retrouver la formation de Jacky Duguépéroux en tête à ce stade de la compétition, malgré une série de trois défaites consécutives courant décembre et une qualité de jeu pas toujours au rendez-vous. Le Racing n’en a cure et honore son statut de favori en s’appuyant notamment sur une défense de fer, la meilleure du championnat (14 buts encaissés) et sur une invincibilité à domicile qui court depuis décembre 2014. Avec encore 5 réceptions pour 4 déplacements d’ici la fin de saison, on voit mal le Racing rater la marche.
2 – Marseille Consolat, 45 points
C’est la surprise du chef. Peu de monde aurait en effet parié sur la présence des Phocéens sur le podium à l’arrivée du printemps. Et pourtant, leur deuxième place est loin d’être volée. Les Marseillais proposent un football porté vers l’offensive (41 buts marqués, meilleure attaque du championnat) et possèdent également l’un des tous meilleurs gardiens de la division, en la personne d’Alexis Sauvage. Promus la saison passée, les Marseillais font aussi preuve de caractère et savent changer de braquet quand il le faut. Après leur défaite face à Amiens (0-2) le 11 mars qui a mis fin à une série de neuf matches sans défaite (dont 5 victoires consécutives), les hommes de Nicolas Usaï s’appuient sur une grosse solidarité défensive pour s’imposer la semaine suivante chez le prétendant luçonnais (1-0). Une écurie caméléon qui ne se cache plus : les dirigeants marseillais ont fort logiquement commencé les tractations pour trouver un stade en cas d’accession en Ligue 2.
26ème journée du Championnat National : Marseille Consolat (2ème) accueillera Avranches (13ème).
— Marseille Consolat (@GSC_Officiel) 28 mars 2016
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3 – Orléans, 41 points
Reléguée de Ligue 2 la saison passée, l’US Orléans a mis beaucoup de temps à se refaire au National. En plus de cela, les blessures ne l’ont pas épargnée. Déjà privée, de longue date, de son défenseur Antoine Ponroy, l’USO a aussi perdu son emblématique gardien Thomas Renault (rupture du tendon d’achille) lors de l’intersaison. Le début de saison est tout de même correct avec une deuxième place au soir de la 10e journée. Une série catastrophique de 10 matches sans victoire vient alors enliser les Orléanais dans le ventre mou. Renforcée par les arrivées de Pierre Bouby et d’Anthar Yahia, l’équipe du Loiret s’en va gagner à Béziers (1-0) courant février et entame sa remontée. Dans un championnat ultra resserré, les Orléanais enchaînent une série de cinq victoires consécutives (série en cours) et pointent désormais sur la troisième marche du podium. Alors qu’on ne les attendait plus trop, les Jaune ont mis la gomme au bon moment, mais leur place sur le podium ne tient qu’à un point pour le moment. L’affrontement à Luçon (4e) à deux journées du terme s’annonce déjà explosif.
4 – Luçon, 40 points
Ejectée du podium lors de la précédente journée à l’issue de sa défaite face à Consolat (0-1), la formation vendéenne reste néanmoins plus que jamais dans la course à la Ligue 2. Depuis sa montée en National en 2013, Luçon suit une progression linéaire : 12e en 2014, 5e l’an dernier et 4e cette année avant le début du sprint final. De plus, la formation coachée par Frédéric Reculeau propose un football des plus chatoyants, fait de mouvements et de passes rapides. Et avec déjà 16 buteurs différents, le danger vient de partout. Non, on blague pas, Luçon, c’est du sérieux. Mais avec 7 défaites au compteur, les Luçonnais n’ont plus beaucoup de jokers dans leur manche.
5 – Belfort, 38 points
C’était le tube de l’été. Promus cette année en National, les hommes du truculent Maurice Goldman ont longtemps squatté le fauteuil de leader et le podium. Délogés des trois premières places au soir de la 19e journée, les Belfortains ont chuté jusqu’au 8e rang quelques semaines plus tard. Depuis, ils ont remonté la pente jusqu’au 5e rang, après leur victoire la semaine passée lors du match en retard face aux Herbiers (1-0). Meilleure défense du National avec Strasbourg (14 buts encaissés), les Franc-Comtois ont aussi et surtout toutes les peines du monde à faire trembler les filets (seulement 20 buts marqués). Mais à trois points du podium, le coup est encore jouable pour Belfort, à condition de se montrer plus mordant offensivement.
6 – CA Bastia, 35 points
Repêché en National la saison passée, le CA Bastia a débuté son nouveau bail en D3 de la pire des façons. Après 12 journées, les Corses comptent seulement 2 victoires et prennent logiquement place dans la zone de relégation. L’entraîneur Christian Bracconi est, entre-temps, démis de ses fonctions. Nicolas Gennarielli puis Stéphane Rossi prennent successivement place sur le banc du CAB. L’arrivée de ce dernier coïncide avec l’impressionnante remontée du club au classement. Les Corses enchaînent 10 matches sans défaite et viennent carrément se mêler à la lutte pour la montée. La série prend fin face à Colmar (0-1) lors de la 23e journée. Depuis, les insulaires ont repris leur marche en avant en prenant 4 points sur 6. Après tant de hauts et de bas, les Bastiais auront certainement la volonté de boucler leur saison sans tremblements.
7 – Amiens, 34 points
Toujours annoncés, jamais sacrés. En National depuis quatre saisons maintenant, les Amiénois possèdent toujours les meilleurs cotes pour la remontée en Ligue 2 en début d’exercice. Mais ils finissent toujours par décevoir leurs plus fidèles fans et cette année, ils ne dérogent pas à cette règle. Capables de battre Strasbourg (2-0) ou encore Consolat (2-0) sur sa pelouse, les Picards arrivent dans le même temps, à se prendre les pieds dans le tapis à Epinal (2-1) ou face à Colmar (1-3). A 7 points du podium et privés de victoire sur leur pelouse depuis le 18 décembre, les Amiénois semblent encore une fois bien repartis pour renouveler leur bail en National.
8 – Dunkerque, 34 points
Depuis quelques années maintenant, l’USL Dunkerque s’est imposée comme l’une des meilleures équipes du championnat. Mais les Nordistes paient à chaque fois leur irrégularité, qui les empêche de découvrir l’étage du dessus. Après une entame en fanfare (victoire 4-1 face à Strasbourg), les Dunkerquois se sont progressivement enlisé dans le ventre mou du National. Néanmoins, ils peuvent compter sur la bonne forme de Romain Bayard (7 buts) et l’apport athlétique de ses deux tours de contrôle de l’attaque, Oussoumane Fofana et Malik Tchokounté. Mais depuis la reprise en janvier, les coéquipiers de Jean-Christophe Bouet ont seulement remporté 2 de leurs 10 rencontres. Un rythme beaucoup trop lent pour pouvoir se mêler à la lutte pour la montée. La fin de saison s’annonce un poil morose.
9 – Châteauroux, 33 points
Présent dans l’antichambre du football français depuis la saison 1994-1995 (avec un intermède d’une année en Ligue 1 lors de la saison 1997-1998), Châteauroux a chuté en National à la fin de la saison dernière. Un vrai cataclysme pour ce monument de la Ligue 2. Les retrouvailles avec la D3 se sont déroulées dans la douleur (1 point décroché lors des 4 premières rencontres) puis les Berrichons ont progressivement pris le rythme au point de se retrouver à la 4e place au soir de la 21e journée. Mais un dans un championnat où tout va très vite, la récente vilaine série en cours (5 matches sans victoire dont 3 défaites consécutives) a fait reculer la Berri au 9e rang, à 8 points de la 3e place et à 6 points du premier relégable. Un dernier coup de collier est donc nécessaire pour s’assurer une fin de saison sans fracas.
10 – Boulogne, 33 points
Comme beaucoup de clubs, l’US Boulogne joue aux montagnes russes cette saison. Malgré le retour de son buteur fétiche Grégory Thil à l’intersaison, qui forme une paire d’attaque intéressante avec Xavier Mercier, l’USBCO n’arrive pas à enchaîner les bons résultats. Menacés par la relégation, les Nordistes se sont offert un gros bol d’air en s’imposant à Colmar (1-0) la semaine passée en match en retard. Désormais, un matelas de 6 points les sépare de la zone rouge. Les Boulonnais détiennent toutes les cartes en main pour s’assurer un maintien confortable, avec notamment cinq dernières rencontres programmées face à des concurrents directs.
11 – Sedan, 31 points
De retour dans le monde semi-professionnel après sa liquidation judiciaire en 2013, on ne savait pas trop à quoi s’attendre avec le CS Sedan-Ardennes. Les deux défaites initiales ont fait craindre le pire mais très vite, les Ardennais se sont acclimaté à cette nouvelle division. Mais en fin d’année civile, Farid Fouzari, l’homme qui a emmené le club jusqu’au National, est évincé au profit de l’ancien sélectionneur de l’Equipe de France, Roger Lemerre. Une décision surprenante au regard du parcours honorable des Sangliers. Relégables à trois reprises depuis le début du championnat, les Sedanais vont continuer de s’appuyer sur leur défense (la troisième de la division avec 21 buts encaissés) pour espérer décrocher le maintien. Avec 4 points d’avance sur la zone rouge, ils ont leur destin entre leurs pieds.
12 – Les Herbiers, 30 points
Promue en National cette saison, la deuxième équipe vendéenne peut se targuer, comme son homologue luçonnaise, de proposer un football porté vers l’offensive. Une philosophie qui permet au VHF de traîner dans la première partie de tableau pendant tout le cycle aller. Difficile à manier, l’équipe dirigée par Franck Rizzetto essuie seulement son premier revers lors de la 9e journée face à Amiens (1-3). Les Herbretais connaissent une seule mauvaise passe courant décembre en enchaînant trois revers consécutifs. Depuis, le club alterne le bon et le moins bon. Mais les Vendéens ne sont encore jamais tombés dans la zone rouge depuis le début de saison. Programmés pour jouer le maintien depuis l’ouverture du championnat, les Rouge et Noir devraient remplir leur mission sans trop se faire peur.
13 – Avranches, 30 points
Après une belle première saison en National achevée à la 9e place l’an passé, l’US Avranches avait la volonté de confirmer. Mais après le départ tumultueux de son entraîneur Richard Déziré et celui logique, de son meilleur buteur Vincent Créhin (14 buts) vers Amiens, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Sur le banc, l’ancien coach de Colmar, Damien Ott, a pris la relève et Farid Beziouen se charge désormais d’enfiler les buts (13, meilleur buteur du championnat). Après une défaite initiale à Béziers (3-0), les Avranchinais enchaînent pourtant une série de 10 matches sans défaite. Ça se complique sérieusement par la suite avec une série moins réjouissante de deux succès en 15 rencontres. Pourtant, le club de la baie du Mont-Saint-Michel n’a encore jamais plongé dans les eaux dangereuses. Son dernier succès en date face à Châteauroux (2-0) lui permet de compter trois points d’avance sur le premier relégable Béziers. Dans la lutte finale, Avranches peut néanmoins compter sur sa solidité à domicile (1 seule défaite en 12 rencontres).
14 – Chambly, 29 points
Première équipe au-dessus de la ligne de flottaison, le FC Chambly s’apprête logiquement à trembler en cette fin de saison. Les Oisiens possèdent toutefois un effectif ultra athlétique, prêt à aller au combat, et un attaquant redouté et redoutable en la personne de Wilfried Louisy-Daniel. De plus, le club cher à la famille Luzi n’est jamais tombé dans la zone rouge et possède encore les cartes en main pour assurer son maintien au troisième échelon hexagonal. Les Camblysiens sont aussi capables de faire des coups. Pour preuve, leurs victoires à Orléans (3-0) ou encore face à Luçon (2-1). Si les coups de sifflet des arbitres retentissent moins en leur défaveur (14 penalties concédés dont certains assez sévères), le FC Chambly ne devrait pas être très loin du renouvellement de bail.
15 – Béziers, 27 points
Premier relégable à l’orée du sprint final, le promu biterrois a acquis cette position peu enviable au soir de la 17e journée et s’en est détaché qu’à une seule reprise depuis. Les Sudistes sont surtout handicapés par leurs performances médiocres à l’extérieur. Béziers est en effet la plus mauvaise équipe à l’extérieur avec seulement cinq points glanés hors de leurs bases (0 victoire). Fort heureusement, l’ASB compte dans ses rangs le deuxième meilleur buteur du championnat, en la personne de Kévin Fortuné (11 buts). Un atout non négligeable pour espérer se sortir de la zone rouge.
16 – Colmar, 23 points
Retrouver Colmar en position de relégable à neuf journées du terme, peu de monde l’aurait parié, et pourtant. Les Haut-Rhinois vivent une saison catastrophique en tous points : brouilles extra-sportives qui ont conduit au départ du président Christophe Gryczka, deux points retirés par la DNCG et un match à rejouer sur le terrain de Béziers (finalement perdu 1-0) pour avoir fait jouer Youssouf Touré, alors qu’il n’était pas inscrit sur la feuille de match. Dans ce marasme, on se demande comment les SRC vont s’en sortir. Et à vrai dire, on n’en a pas la moindre idée. Côté terrain, les Colmariens viennent de perdre un match importantissime face à Boulogne (0-1) et se retrouvent désormais à 6 points du premier non-relégable. Il faudrait plus qu’un miracle pour voir les Colmariens se sauver.
17 – Epinal, 22 points
Repêchés miraculeusement l’an passé après une saison cauchemardesque en National (dernier avec 15 points), les Spinaliens ont dû construire un effectif à la va-vite quelques jours seulement avant l’ouverture du championnat. Le début d’exercice est logiquement compliqué (3 points après 5 rencontres) et le SAS prend très vite place dans la zone rouge. Malgré les neuf réalisations de son capitaine courage Romain Chouleur, les Vosgiens n’ont jamais réussi à s’extirper des profondeurs du classement. De plus, ils restent sur une série de neuf matches sans victoire et s’apprêtent à défier Orléans, l’équipe en forme du moment. Sauf improbable retournement de situation, les Lorrains sont en passe de retrouver le CFA l’année prochaine. A moins que.
18 – Fréjus Saint-Raphaël, 21 points
Chaque année, l’équipe varoise est placée dans le lot des favoris pour la montée et chaque année, elle craque. Cette saison, elle n’a pas craqué, elle s’est carrément effondrée. Lanterne rouge à huit reprises, l’Etoile est surtout relégable depuis la 13e journée. Pourtant, après deux succès en trois rencontres pour l’ouverture du championnat, l’Entente s’était très vite positionnée. Puis, le trou d’air. 18 matches sans victoire. Plus surprenant, Fréjus brise cette série cauchemardesque face à Strasbourg (1-0), leader du championnat. On croit alors la machine enfin lancée. Las, les Varois rapportent certes un bon point de Belfort (0-0) mais s’inclinent ensuite face à Dunkerque (0-2) puis à Orléans (1-0). Lors de ces deux rencontres, l’Etoile a joué de malchance en manquant un penalty et de nombreuses occasions face aux Nordistes, puis en cédant dans les arrêts de jeu dans le Loiret en infériorité numérique. Le syndrome du relégué en puissance.
Les pronostics Ruedufootball (sans surprise) :
Montée en Ligue 2
Strasbourg
Orléans
Marseille Consolat
Descente en CFA
Colmar
Béziers
Epinal
Fréjus Saint-Raphaël