Niveau terrain, l’Est reverdit avec les montées en Ligue 1 de Nancy, Dijon et Metz et celle en Ligue 2 de Strasbourg. Mais la nouvelle région Grand Est n’accueillera aucun match de l’Euro. Retour sur la défection nancéienne avec un Jacques Rousselot qui a failli y laisser son cœur, et peut-être plus.
L’histoire rocambolesque de la candidature nancéienne pour l’Euro débute fin novembre 2008. C’est à cette date que l’AS Nancy-Lorraine annonce officiellement vouloir agrandir son stade dans le cadre de la candidature française en vue de l’Euro 2016. On évoque un nouveau stade d’environ 35 000 places avec un coût de 68M d’euros réparti ainsi : 30M financés par la communauté urbaine du Grand Nancy (CUGN), 8M par l’Etat et 30M assurés par le club. La première bonne nouvelle arrive un an plus tard. Fin 2009, Nancy fait officiellement partie des 12 villes sélectionnées dans le cadre de candidature tricolore. Montpellier et surtout le voisin messin, sont boudés. Nancy fait donc coup double.
En mai 2010, l’ASNL de Pablo Correa obtient son maintien en Ligue 1 et boucle la saison par un match nul face à Valenciennes (1-1). Le président Rousselot annonce alors que « le premier coup de pioche devrait donc être donné au printemps 2011 avec une livraison vers 2013. » Le mois s’achève avec la bonne nouvelle : la France obtient l’Euro 2016 au détriment de l’Italie notamment.
Un mois plus tard, à l’échelon en-dessous, le voisin strasbourgeois s’écrase pour la première fois de son histoire en National après une défaite à Châteauroux (2-1). Le projet alsacien prend du plomb dans l’aile. Et les élus locaux se posent bon nombre de questions : est-ce qu’un club de 3e division mérite la construction d’un grand stade ? Un mois plus tard, la décision est prise : la capitale européenne se retire. Rien ne semble donc ébranler le projet lorrain. Pourtant, à la fin de l’année 2010, les premières dissensions apparaissent à l’échelle municipale. Le toit rétractable est abandonné et Jean-Pierre Masseret (PS), président de la région, n’est plus vraiment chaud pour mettre la main à la poche. De plus, une histoire de bail bloque la levée des financements privés, car cette même dépense publique n’est pas assurée. Pourtant, quelques semaines plus tard, Jacques Rousselot annonce que le financement est bouclé…
Un retrait soudain et brutal
Tout semble s’arranger à l’orée du printemps 2011 au sujet du financement quand l’Assemblée Nationale adopte « une proposition de loi relative à l’organisation de l’Euro 2016 visant à faciliter la rénovation des stades. L'objet de cette loi, proposée par le député Bernard Depierre (UMP), est de permettre aux stades gérés dans le cadre d'un bail emphytéotique administratif (BEA) de profiter d'aides publiques, ce qui était interdit jusqu'alors, et donc de sécuriser leur construction ou rénovation à trois ans de la date de livraison exigée par l'UEFA. » Quelques mois plus tard, une autre bonne nouvelle vient valider le projet nancéien : le stade Marcel-Picot a été retenu dans les 9 qui accueilleront l’Euro 2016.
Mais alors que l’année civile s’achève, à la surprise générale, la Communauté Urbaine du Grand Nancy convoque la presse pour annoncer officiellement le retrait de la ville pour l’Euro. Les causes ? On évoque la « conjoncture » et les fonds publics revus à la hausse par rapport à l’accord initial qui était prévu. Chez les suiveurs du club, c’est la sinistrose et Jacques Rousselot, complètement abasourdi par cette décision, est même proche de quitter le club. Sur le site officiel du club, il avouera même « avoir songé au pire ». Quelques mois plus tard, alors que l’ASNL sort la tête de l’eau à la faveur d’une belle série (9 matches sans défaite en L1), Jacquot reprend du poil de la bête et avoue « avoir fait une proposition d’achat du stade Marcel-Picot à la CUGN ». On attend toujours. Mais le président nancéien peut avoir la banane : son club a retrouvé la Ligue 1 il y a quelques jours et ce après trois saisons de purgatoire.