La France a-t-elle réellement frôlé l’élimination ?
Les Bleus ont eu chaud contre l’Irlande, ils ont même atteint la pause dans une position d’éliminé virtuel. Pour autant, on ne peut pas vraiment dire que l’équipe de France ait flirté avec une élimination. Outre son penalty et un centre fuyant bien repoussé par Hugo Lloris, la République d’Irlande n’a jamais vraiment su se montrer dangereuse. Il y avait ce sentiment au Parc OL que si les Bleus parvenaient égaliser, ils marqueraient automatiquement derrière et c’est ce qui s’est passé. La deuxième période, au grès des changements opérés par Didier Deschamps, a vu le onze français dominer outrageusement, sans perdre son calme. A l’heure de jeu, le match était d’ailleurs déjà renversé. L’équipe de France s’est fait peur, oui. Elle s’est rapprochée de la sortie de route ? Non.
Va-t-on vraiment souffrir de l’absence de N’Golo Kanté et d’Adil Rami lors du quart de finale ?
C’était l’un des points qu’on allait scruter dans ce huitième de finale et il concernait les joueurs menacés de suspension en cas de qualification en quarts de finale. A ce petit jeu, Kanté et Rami ont été avertis dès la première période et manqueront les retrouvailles avec l’Angleterre ou l’Islande dimanche prochain. Concernant le milieu de Leicester, on imagine que c’est Yohan Cabaye qui va le suppléer. Et ce n’est pas forcément une mauvaise chose puisque le joueur de Crystal Palace a été très en vue contre la Suisse et dispose d’une bonne expérience en Bleus aux côtés de Paul Pogba et Blaise Matuidi. Il n’y a pas trop d’inquiétude à avoir à ce niveau là, d’autant que Kanté a été un peu crispé face à l’enjeu du jour. Pour Adil Rami, c’est un problème. Didier Deschamps est maudit avec sa charnière qu’il a dû composer dans l’urgence avant l’Euro. Contre la Suisse, il avait fait le choix de la continuité en maintenant le duo Rami-Koscielny. En quarts de finale, il donnera très certainement sa confiance à Eliaquim Mangala mais le joueur de City n’a plus joué depuis un mois et demi débarquera dans l’Euro à un moment fatidique. Alors certes, Rami n’a pas été impérial contre l’Irlande, loin de là, mais se passer de sa relation naissante avec Koscielny pourrait poser problème.
Faut-il réitérer la doublette d’attaque Griezmann-Giroud ?
Passé en 4-2-3-1 à la mi-temps, proche d’un 4-4-2, le schéma tactique de Deschamps a fait la différence. Le technicien français se devait de revenir des vestiaires avec des changements. L’entrée de Coman à la place de Kanté, pour dynamiser l’attaque, a fait passer Pogba et Matuidi seuls au milieu. Et Griezmann, d’abord ailier en première période, s’est retrouvé dans l’axe, en soutien de Giroud. Le Gunner, dont la première mi-temps fut affreuse, s’est mué en passeur décisif pour un Griezmann très remuant entre les lignes. Une superbe remise similaire à l’action du deuxième but a aussi obligé Duffy à tacler l’attaquant de Madrid, trop rapide pour lui, et à écoper d’un carton rouge. Proche du système dans lequel s’épanouit Griezmann à l’Atlético, cette doublette d’attaque devrait être reconduite par Deschamps, surtout en l’absence de Kanté au prochain match.
Le match est-il fondateur pour la suite ?
Après deux victoires compliquées face à des équipes faibles et regroupées en défense (Roumanie et Albanie, ndlr), on attendait une grosse prestation des Bleus face à la Suisse, dans la « finale » du groupe A, premier gros match côté français. A cause du manque d’enjeu et des joueurs mis au repos, la bande à Deschamps n’a fait qu’assurer le nul (0-0), sans rien prouver. Alors on s’est dit que le huitième de finale face à l’Irlande serait – enfin – un match référence, puisque la défaite est interdite. Mais la première mi-temps, au scénario horrible, n’a été que déception. C’est le deuxième acte qui change la donne : les Bleus passent en 4-2-3-1 et Griezmann glisse dans l’axe. En moins de dix minutes, la France reprend l’avantage sur un doublé de Griezmann et l’Irlande se voit réduite à 10. Et cette envie qu’on a perçu au retour des vestiaires, cette rage de vaincre commune à tous les joueurs, c’est ce qu’il fallait aux Français pour retourner ce match si mal embarqué. Le jeu collectif a bien fonctionné, les latéraux ont créé le surnombre, la doublette du milieu Matuidi-Pogba a été solide et a permis quelques décalages offensifs… Résultat : les Bleus auraient pu gagner plus largement tellement la maitrise de cette seconde période a été flagrante.
Blaise Matuidi est-il de retour ?
Très décevant depuis le début de l’Euro, sur le banc lors du dernier match face à la Suisse, le milieu du Paris Saint-Germain a commencé titulaire ce soir. Malgré les interrogations autour de sa forme, Deschamps a choisi de garder son 4-3-3 classique, en faisant confiance à Matuidi. Sur la première période, on a vu le même Matuidi qu’au début de l’Euro, en difficulté avec ses pieds, en retard sur quelques déplacements, et à bout physiquement. Mais son décalage à gauche d’un milieu à deux avec Pogba l’a transformé. Il est revenu des vestiaires avec un tout autre visage, toujours au pressing, et influent dans le jeu. Le positionnement plus à droite en retrait de Pogba a permis à Blaise de se libérer sur la gauche du milieu. Le milieu gaucher a ainsi pu créer surnombres et décalages, et sa prestation en deuxième période a été à la hauteur de ce qu’on attendait de lui.