L’action de la rencontre :
Dimitri Payet et Xherdan Shaqiri ont trouvé à qui parler. On joue la 13ème minute du duel entre Belges et Gallois lorsque, décalé par Eden Hazard depuis le côté gauche, Radja Nainggolan entre dans l’arène et vole le show. Pas attaqué, laissé libre de tout mouvement par la défense britannique, le lutin de la Roma balance un caramel monstrueux qui fait fondre l’air et s’en va pulvériser la lucarne droite d’un Wayne Hennessey qui touche le ballon du bout des doigts sans rien pouvoir y faire. L’un des buts de l’Euro, assurément ! Malheureusement, insuffisant pour faire tomber une équipe galloise totalement renversante.
Au cœur du match :
Le Pays de Galles est en demies et rentre dans l'histoire. Pourtant, les favoris avaient des cornes et une fourche au Stade Pierre-Mauroy. Le début de partie donne ainsi le ton côté belge et voit les Diables Rouges asphyxier leur adversaire. Tout commence ainsi avec une triple occasion initiée par Romelu Lukaku. Le centre du joueur des Toffees trouve Yannick Carrasco qui bute une première fois sur Hennessey avant de voir à leur tour Thomas Meunier et Eden Hazard échouer sur un rempart miraculé. Mis sur le reculoir, les Dragons subissent les flammes belges et encaissent somme toute logiquement le missile signé Nainggolan. Annoncés favoris, les hommes de Marc Wilmots laissent imaginer qu’ils vont garder leur leadership face à un adversaire timoré et intimidé par l’événement. Que nenni ! Alors qu’ils s’accaparent la possession de balle, les partenaires de Gareth Bale refont surface et sur un corner botté par Aaron Ramsey, c’est le Captain Ashley Williams qui place sa tête et trompe Thibaut Courtois et Kevin De Bruyne, mal placé sur son premier poteau. C’est la stupeur dans l'antre lillois où les supporters belges largement majoritaires viennent de prendre un uppercut. Ils ignorent cependant que le pire les attend.
RK style
Seule une percée de Gareth Bale dont lui seul a le secret vient secouer le match jusqu’à la pause. Une pause dont Marc Wilmots profite pour cogiter et finalement faire sauter Yannick Carrasco au profit de Marouane Fellaini, bousculant son système vers un 4-3-3 visant à lui faire reprendre le contrôle du milieu de terrain. Choix payant dans un premier temps. Alors que Romelu Lukaku s’offre une occasion du crâne, c’est Eden Hazard qui manque de faire reprendre l’avantage aux Belges sur une incursion toute en technique venue de la gauche. Mais encore une fois, le cadre se dérobe. C’est le moment que les Gallois choisissent pour planter leur poignard. Lancé dans la profondeur par Bale, Ramsey remise sur la pointe Robson-Kanu. Esseulé au milieu de trois joueurs, le joueur de Reading réalise un geste de grande classe, se retourne en mettant tout le monde dans le vent et crucifie à la fois Courtois et le peuple belge. Elle aura beau tout tenter, la Belgique ne reviendra pas, perdue dans la forêt galloise ultra-resserrée. Elle laissera même Sam Vokes clore la marque de la tête et illuminer plus encore la soirée des héros gallois. Ils retrouveront ainsi le Portugal à Lyon mardi pour une place en finale. Sans Aaron Ramsey hélas, suspendu. La chance des Belges ce soir ? Le temps de route depuis Lille vers la maison sera très court.
L’homme phare de la rencontre : Hal Robson-Kanu
Qui a dit que le Pays de Galles n’avait pas de numéro 9 ? Face aux Lukaku, Benteke, Batshuayi ou encore Origi, les attaquants britanniques n’avaient pas fière allure. Mais au bout du compte, aucune pointe parmi les Diables n’a réussi à scorer alors qu’ils sont deux – Robson-Kanu et Sam Vokes – à avoir fait trembler les filets ce soir à Lille côté gallois. Et on retiendra forcément la prestation du RK de Reading. Plus affuté qu’un essuie-glace sur le front de l’attaque galloise, l’attaquant a tout changé en mettant les siens devant au tableau d’affichage. La bataille des 9 aura été gagnée par le Petit Poucet et le succès n’en est que plus beau.
Le taux de régalade : 8/10
Quelle partie ! Après un Pologne-Portugal très décevant, l'Euro 2016 a repris des couleurs grâce au duel intense et de haute-volée que se sont livrés Belges et Gallois. Alors que chaque camp aura tenté sa chance en toute circonstance, on aura eu une pépite (merci Radja), un geste de classe (merci Robson-Kanu) et un événement historique en fin de partie avec la qualif' pour le dernier carré de Dragons énormes. Les Belges, qui sortent par la petite porte, n'auront pas démérité. Mais les Gallois ont déjà rendu cette compétition immense et intense.